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Comment les branches combattent l'illettrisme au travail

Liaisons sociales magazine | Mobilités | publié le : 08.09.2016 | Chloé Joudrier

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La France compte encore 2,5 millions d'illettrés parmi les personnes en âge de travailler. Un handicap difficile à surmonter dans la sphère professionnelle à l'heure du numérique. Certains secteurs s'y emploient.      

2,5 millions de personnes âgées de 16 à 65 ans en situation d’illettrisme dans l'Hexagone ! D'après l'Agence nationale de lutte contre l’illettrisme (ANLCI), 7% de la population en âge de travailler ne maitrise pas les bases de l'écriture, de la lecture et du calcul en France en 2016. Un sérieux handicap au travail, que la numérisation de l'économie vient encore compliquer.

« Plus il y a d’écrans, plus il y a de risques d’exclusion », affirme Hervé Fernandez, le directeur de l’ANLCI. Ordinateur, smartphone, tablette… Autant d'outils dont l'utilisation s'accomode très mal de la non-maîtrise de l'écriture et de la lecture. Ce qui, au bureau ou à l'usine, peut  conduire à des situations de malaise, d’incompréhension ou à des risques pour la sécurité. « Avant, la communication passait d'abord par le téléphone. Aujourd’hui, les outils numériques priment », explique Hervé Fernandez.

Cette nouvelle donne n'est pas l'apanage des cadres ou des métiers du tertiaire. On la rencontre dans tous les secteurs. Un exemple parmi tant d'autres, celui de la propreté. Pour un agent d’entretien qui manque de produits de nettoyage, la commande doit désormais se faire… via une tablette.

La propreté, branche la plus impactée

L’illettrisme touche tous les secteurs professionnels. Mais ceux qui emploient en masse des travailleurs faiblement qualifiés sont tout particulièrement concernés. En consacrant 10 % de ses fonds dediés à la professionnalisation à la lutte contre l’illettrisme, la propreté est une des branches les plus engagées. « Notre branche est la première à avoir lancé une formation spécifique. Plus de la moitié de nos salariés entrent dans la profession sans diplôme de formation initiale », explique Max Masa, président de la Fédération des entreprises de propreté et services associés (FEP).

A l'image du transport, du bâtiment ou de la restauration, beaucoup de secteurs proposent des formations classiques via leur organisme paritaire collecteur agréé (opca). Mais certains vont plus loin et tentent d'innover. En partenariat avec l’organisme de formation Cegos, la filière Transports et services a par exemple créé un « serious game ». Ce jeu d’aventure et de découverte en 3D permet en deux heures de revoir les fondamentaux. Lecture, règles d’écriture, grandeurs, mesures, calculs arithmétiques ou le raisonnement logique sont passés en revue.

Des formations de repérage

Pour combattre les « stratégies de contournement » mises en place par les travailleurs pour cacher à leur entourage ou leur employeur leurs difficultés, encore faut-il être sensibilisé. La branche du tourisme, de l’hôtellerie, de la restauration et des activités de loisirs organise ainsi des petits déjeuners d’information sur l’illettrisme pour préparer les chefs d’entreprises de moins de 50 salariés à y faire face.

Le secteur du sanitaire, social et médico-social va encore plus loin, en offrant des formations de repérage. Des cursus ouvert aussi bien aux directeurs qu'aux représentants du personnel. Objectif ? Apprendre, le temps d’une journée, à repérer une personne en situation d’illettrisme. Pour lui proposer par la suite la formation adéquate. Avec tact, sans le braquer.

Auteur

  • Chloé Joudrier