Pas des ordres, mais presque. Le 14 septembre, face aux grands patrons de l’industrie à l’occasion de la rentrée du Conseil national de l’industrie (CNI), Jean Castex a présenté sa feuille de route pour un « réarmement industriel » de la France. Et n’a pas hésité à sortir carotte et bâton. La carotte ? Elle a pris deux formes : en premier lieu la baisse de 10 milliards d'euros des impôts de production dont 40% bénéficieront à l’industrie, selon les calculs de Matignon. Par les aides directes aux entreprises, ensuite. Sur les 100 milliards du plan de relance, une enveloppe de 35 milliards – plus d’un tiers du total – sera consacrée exclusivement au redressement et à la transformation économique du seul secteur industriel entre 2020 et 2022. Avant même le vote du projet de loi de finances, un premier acompte de 800 millions d'euros a d’ores et déjà été posé sur la table, dont 250 millions destinés aux aides à la décarbonation et 350 millions pour les seules filières automobiles et aéronautiques en souffrance.
« Mais tout cela ne fonctionnera qu’à une seule et unique condition : votre totale mobilisation », a prévenu le Premier ministre agitant, cette fois, le bâton. « Avec France Relance, l’État fait un effort inédit mais nécessite que les entreprises, toutes les entreprises quelles que soient leur taille et leur activité, se mobilisent. » Ce qui est attendu des industriels ? En premier lieu, un effort sensible en direction de l’emploi qui doit passer par la conclusion (avant le 1er novembre) d’accords sur l’activité partielle longue durée (APLD), ce dispositif déployé depuis juin pour permettre aux employeurs de réduire le temps de travail – jusqu’à 60% – de leurs salariés avec maintien du salaire en partie versé par l’État en échange de la préservation de l’emploi. Des accords qui, selon les désidératas de l’exécutif, devront comporter d’importants volets « formation » pour maintenir les compétences des salariés. Le plan de relance prévoit le déblocage d’un milliard d’euros au titre du FNE-Formation à cet effet ainsi que d’autres enveloppes destinées à muscler d’autres dispositifs comme la Pro-A (180 millions) ou le CPF de transition (250 millions).
Autres conditions posées par le Premier ministre : le développement de l’emploi des jeunes, soit par des recrutements directs facilités par une aide à l’embauche de 4.000 euros pour chaque personne de moins de 26 ans, mais aussi par l’alternance qui, depuis juin, bénéficie également d’aide aux recrutements (5.000 euros pour un apprenti mineur, 8.000 euros pour un majeur). « L’industrie représente 21% des apprentis et 15% des contrats de professionnalisation. Vous pouvez, vous devez faire encore mieux ! », a averti Jean Castex.