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Business France : "Pendant la crise, le VIE s’est montré résilient"

Emploi & mobilité | publié le : 10.06.2020 |

Michel Bauza.

Crédit photo DR

Michel Bauza, le directeur du VIE (Volontariat international en entreprise), dresse le bilan des mois de crise sanitaire qu’a subis le programme. 

Le VIE a-t-il souffert de la crise sanitaire ?
Michel Bauza :
Le programme VIE a bien résisté à la crise qui a commencé dès le mois de janvier en Chine. Les entreprises et les jeunes se sont concertés en mettant en place soit des mesures de télétravail, soit des retours en France. Selon une enquête que nous avons menée au mois de mars, 88 % des jeunes (sur une population totale de 16 000 sur l’année, qui en moyenne passent 19 mois en mission) sont restés sur place. 11 % sont rentrés en raison de la situation sanitaire, en même temps que le personnel expatrié de l’entreprise. Dans certains cas, il s’agissait de jeunes en fin de mission qui risquaient d’être bloqués sur place, sans possibilité de retour, sans indemnités, sans protection sociale, et qui sont revenus par anticipation en France dans leur entreprise pour terminer en télétravail. 
Autre élément positif : durant la crise, il n’y a pas eu d’augmentation du taux d’interruption des missions. Les entreprises ont fait le pari de garder les jeunes volontaires sur place en télétravail. Avec l’arrêt du transport aérien, les quarantaines, les mesures barrières, etc., il sera très difficile de se déplacer et de gérer ses projets export, à court et moyen termes, comme on le faisait avant la crise : ce sera un atout d’avoir des VIE sur place, en proximité de son marché.
Cela étant, l’impact de la crise sur les VIE devrait se faire sentir durant l’été en fonction des prévisions d’activité.

À quoi va ressembler le VIE dans les prochains mois ?
M. B. :
Le VIE, qui fête ses 20 ans cette année, est une formule qui marche et qui n’existe qu’en France. Son taux d’impact pour l’entreprise est de 68 % (missions commerciales), le taux d’emploi du jeune Talents est de 92 % après le VIE, et enfin le taux de satisfaction des clients est de 95 % (Ipsos 2019). Nous allons l’optimiser et l’adapter aux besoins post-crise des entreprises. En 2019, avec la loi Pacte, un premier assouplissement a ouvert la possibilité aux jeunes de passer un peu moins de six mois en France pour travailler sur le projet, revenir en formation, etc. L’idée est de flexibiliser ces différentes périodes pour permettre aux jeunes de commencer en France. En mars dernier, la cellule de crise a stoppé les départs alors que 500 jeunes étaient prêts à s’en aller ! Nous avons donc proposé aux entreprises qu’ils commencent leur mission en France dans le cadre d’une période de formation et d’intégration dans les équipes, avant de rejoindre le pays lorsque la situation le permettra, et nous allons généraliser cela. Le VIE doit s’adapter aux besoins lors de la relance. Nous travaillons aussi sur les réductions à quatre semaines des délais d’instruction pour répondre à un besoin de mobilité rapide. Pour les PME, nous travaillons avec la Team France Export sur un VIE plus simple « clé en main », avec une formation en amont, une offre d’hébergement, du coaching, du mentoring pour les jeunes. Enfin, nous réfléchissons à promouvoir des formules de VIE partagé, mutualisé, sur quelques mois, par exemple pour l’analyse d’un marché.

Le VIE fait-il partie du plan pour l’emploi des jeunes ?
M. B. :
Le VIE a un impact sur les jeunes diplômés et sur l’activité internationale, et il sera traité principalement dans le plan de relance export actuellement en préparation, qui considère ces jeunes talents motivés comme un réel atout pour la reprise. Nous allons proposer d’adapter le programme aux besoins de la relance et d'apporter un soutien pour les PME, en lien avec les Régions. 

Propos recueillis par Jean-Paul Coulange