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Armée et entreprises au front contre le décrochage scolaire

Liaisons Sociales Magazine | Mobilités | publié le : 05.09.2016 | Emmanuelle Souffi

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Formation à l’appui, le service militaire volontaire accompagne des décrocheurs vers le marché du travail. En lien avec les employeurs. Sept jeunes sur dix s’intègrent ensuite dans la vie active.

Boubacar * a la fierté modeste. Pourtant, il revient de loin. Lui qui avait un niveau scolaire ne dépassant pas la sixième s’apprête à signer son premier contrat de travail chez Securitas. Comme huit autres, il a décroché son certificat de qualification professionnelle d’agent de prévention et de sécurité. Hana Vole, présidente d’Amphia, un organisme de formation qui l’a accompagné pas à pas durant trois mois, est la première à s’en réjouir. « Il était persuadé de ne pas être capable d’y arriver. Et aujourd’hui, il redresse la tête », s’enthousiasme cette femme au dynamisme contagieux.

C’est l’un des nombreux miracles du service militaire volontaire (SMV) : redonner confiance à des jeunes qui ne croyaient plus en rien et surtout pas en eux-mêmes. Instauré par François Hollande après les attentats de janvier 2015, il s’adresse à ceux qu’on appelle des décrocheurs (150 000 recensés par an). Objectif ? Remettre en selle des jeunes âgés de 18 à 25 ans, peu ou non qualifiés, en leur offrant un accompagnement cousu main tant comportemental que professionnel.

D’ici à septembre 2017, 1 000 jeunes comme Boubacar vont bénéficier de ce soutien hors pair. Après une sélection opérée par les missions locales, ils sont intégrés durant six à douze mois dans l’une des trois bases militaires dédiées au SMV. Sur 215 candidats retenus en 2015, 97 volontaires ont été incorporés en novembre. Marseillaise, uniforme, réveil à 5 heures…

Leur vie est réglée comme du papier à musique. Eux qui, avant, vivotaient avec leurs copains sans cap précis apprennent à se dessiner un autre avenir. Car l’ambition du SMV est clairement de favoriser l’insertion. Le recrutement se fait sur la base d’un projet professionnel. L’armée a défini quatre filières ou entreprises (BTP, SNCF, Euro Disney, surveillance) correspondant aux besoins locaux et à des secteurs qui recrutent. Pour leur offrir des portes de sortie auxquelles ils n’avaient pas pensé ou qu’ils ne s’étaient pas autorisés à envisager. Si Boubacar a choisi de devenir agent de sécurité, d’autres ont visé la logistique.

À Metz, PSA Trémery est le seul site à intégrer pour l’instant des SMV. La proximité de la base militaire de Montigny-lès-Metz n’y est pas pour rien. Elle vient compléter une sérieuse envie de donner un coup de pouce. « On se sent utile, on est très fier de pouvoir aider ces jeunes », affirme le DRH du pôle industriel, Édouard de Martène. Ils sont neuf, dont deux filles, à avoir passé onze se­maines à se former à la sécurité, à la qualité et à la conduite de chariot élévateur. Tous ont passé leur certificat d’aptitude à la conduite en sécurité. « L’armée a tout organisé en trois semaines. Elle a été à l’écoute de nos attentes, les relations sont très fluides alors que nous venons de deux mondes différents », relève le DRH.

Auteur

  • Emmanuelle Souffi