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DRH : l'année exceptionnelle

GRH - Gestion des ressources humaines | publié le : 12.01.2021 | Benoît Serre, vice-président délégué de l’ANDRH

Benoît Serre, vice-président délégué de l’ANDRH

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En ce début d’année, il est de tradition de partager ses meilleurs vœux en se souhaitant le meilleur. Plus que jamais, 2021 ne peut faillir à la tradition. Chacun mesure bien en effet que ce sera une année de réparation et sans doute dans le même temps une année de rupture.

Depuis presque un an, nous vivons au rythme instable d’une crise sans précédent et fondamentalement incomparable avec d’autres. 2020 aura été une année au final profondément humaine et cette dimension vient perturber nombre d’acquis et de certitudes : le rôle de l’entreprise dans son activité comme dans sa mission, sa responsabilité vis-à-vis de ses collaborateurs, mais aussi la nature du lien entretenu par les collaborateurs avec leur organisation qui démontre l’importance du lien social qu’elle constitue, bien loin de l’image parfois caricaturale qu’on a voulu donner du travail. Si le télétravail est un des marqueurs de cette crise, il a fait un double chemin : celui de son intérêt comme de ses limites, restaurant ainsi l’importance du lieu de travail. De même, les sujets de QVT, d’hygiène et de sécurité sont devenus indissociables de la responsabilité d’employeur.

C’est parce 2020 a été profondément humaine que 2021 sera une année exceptionnelle pour la fonction RH et cela a plus d’un titre.

Tout d’abord, en fonction notamment de la vaccination – pour laquelle l’entreprise endossera encore un nouveau rôle –, il faut accompagner le retour des collaborateurs au sein de leur collectif de travail quitté pour certains depuis des mois et préparer la « reconnection » à l’entreprise et au projet commun. Chacun d’entre eux aura vécu différemment cette crise selon sa situation personnelle et professionnelle. Se trouve là un premier enjeu : si l’approche collective est évidemment essentielle, elle ne peut ignorer cet éclatement du corps social qu’aura constitué 2020 entre ceux qui étaient en télétravail, ceux qui ont subi le chômage partiel et ceux pour qui l’activité ne s’est finalement jamais arrêtée dans des conditions normales d’exercice. Ré-unir n’a jamais été autant le mot juste malgré les efforts durant toute l’année pour continuer à « faire entreprise ».

Ce que nous vivons a également (re)mis au centre le management de proximité que certaines théories de management avaient eu tendance à enterrer un peu vite. Dans quel état serions-nous sans ces managers du quotidien qui ont essayé et souvent réussi à gérer leurs équipes, à les accompagner dans ce « stop and go » permanent depuis mai dernier ? À ces managers, les DRH doivent apporter les moyens et la reconnaisasance pour en faire les agents de la réunification et de la transformation. Pour cela, des actions concrètes de transformation des modèles de management sont à engager autour de la confiance, de l’autonomie et de l’écoute.

Et là est le troisième enjeu : ne pas repartir comme avant, comme s’il ne s’était rien passé. Précisément parce que cette crise est humaine, la gestion de ses conséquences, même difficiles, ne pourra se faire qu’en associant les femmes et les hommes à la définition puis à la mise en œuvre d’un projet concret, transparent et innovant. À cause de cela, les grands plans de transformation portant une perspective lointaine et théorique ne peuvent plus constituer une voie crédible. C’est au plus près du terrain, dans la réalité quasiment de chaque équipe que pourront se construire des évolutions souhaitées et nécessaires. Cette crise a restauré la confiance entre les salariés et leur entreprise et il faut avoir le courage de saisir cette occasion pour refonder les relations humaines et professionnelles. Cela est d’autant plus essentiel que nous savons que des décisions difficiles sur l’emploi seront prises dans les prochains mois.

Nul mieux que les managers de proximité ne pourront en être les porteurs et les inspirateurs et nul mieux que les DRH ne peuvent avoir en charge la reconstitution de cette dynamique humaine qui au final fonde, permet et justifie les résultats.

En cela, 2021 est une année exceptionnelle pour la fonction RH, car ce n’est ni la technologie ni l’orthodoxie financière qui feront la différence, mais les femmes et les hommes qui ont tenu dans la tempête. Si nos raisonnements ne prenaient pas en compte cette dimension, nous ajouterions à la crise sanitaire, économique et sociale une crise de confiance dans l’avenir et contre cela il n’y a ni vaccin ni mesures barrières !

Auteur

  • Benoît Serre, vice-président délégué de l’ANDRH