Une étude prospective de l’OPCO Atlas évalue l’impact de la diffusion de l’IA sur les métiers et les compétences. Il est d’ores et déjà qualifié de « considérable » puisque 72 % des métiers vont subir une « transformation » ou une « forte transformation ».
Comment l’IA va-t-elle transformer les métiers de l’assurance, de la banque, de la finance, du conseil et de l’expertise-comptable ? Ces secteurs concentrent plus de 185.000 entreprises qui emploient plus de 2 millions de salariés dont 750.000 cadres à haut niveau d’expertise. En charge de ces domaines, l’opérateur de compétences (OPCO) Atlas a élaboré une étude prospective dont la rédaction d’Entreprise & Carrières a pu consulter une version presque finalisée1.
Assurance : répercussions « considérables »
Dans l’assurance, l’étude rappelle que l’IA est déjà bien présente, que ce soit chez AXA, avec Axa Secure GPT qui permet une automatisation des processus, ou chez Lemonade, avec un chatbot basé sur l’IA « pour accélérer les processus de gestion des réclamations et de souscription d'assurance, ce qui se traduit par des économies substantielles et une amélioration notable de l'expérience client » ; ou chez Allianz, qui utilise l’IA « pour affiner l'évaluation des risques et la tarification personnalisée, apportant ainsi une précision accrue dans la détermination des cotisations » ; ou encore chez Zurich, où cette technologie améliore la détection des fraudes.
Le document souligne aussi que de nombreux acteurs (Crédit agricole, la Société générale, la Macif, Maaf, EY et Allianz) ont mené des expérimentations sur la plateforme InboxCare de Golem.ai, une IA spécialisée dans les métiers de l’assurance afin de traiter automatiquement les demandes des assurés (souscription, réclamations, expertises, etc.). Selon l’étude, les répercussions de l'utilisation de l'IA dans le secteur de l'assurance « sont considérables ».
Banque : la multiplicité des usages de l’IA
Dans la banque, l'utilisation de l'IA se concentre sur l'amélioration de l'expérience client, l'optimisation des processus opérationnels et la gestion des risques. L’étude indique ainsi que Société générale mobilise l’IA dans 170 cas d’usages couvrant des domaines tels que la lutte contre la fraude, la gestion des risques, la création de nouvelles activités et l’amélioration de l’expérience client.
De son côté, JPMorgan Chase a automatisé l'analyse de documents juridiques et financiers avec sa plateforme COIN afin de réduire les erreurs dans l'interprétation des contrats. Quant à Goldman Sachs, elle utilise des bots de trading basés sur l'IA pour analyser des données de marché afin d’identifier les tendances du marché pour la prise de décision d'investissement et assurer la réalisation de transactions à haute fréquence.
Conseil : vers une redéfinition de l’impact
Dans le conseil, l’étude indique que l’usage de l'IA concourt à l'amélioration de l'analyse des données, l'optimisation des processus de conception et la personnalisation des recommandations. Le document cite notamment le cas de BNP Paribas Real Estate, qui utilise un système de surveillance et de gestion en temps réel du risque hydrologique, développé par Synapse Développement.
Le cabinet de conseil McKinsey emploie une IA baptisée « Lilli » pour fournir à ses collaborateurs des synthèses documentaires, des recommandations d’experts et des capacités d’identification de contenu pertinent. Dans le domaine de l’ingénierie, Arup a choisi une autre voie en mobilisant les techniques d'apprentissage profond pour optimiser la conception de structures en matière d'efficacité énergétique et de durabilité.
Dans le conseil, l’étude souligne que l'IA va améliorer l'efficacité opérationnelle, mais surtout ouvrir la voie à « des niveaux de services plus sophistiqués, basés sur une compréhension approfondie et une analyse précise » et ainsi redéfinir la valeur et l'impact du conseil.
Expertise-comptable et commissariat aux comptes : vers la prédiction ?
Dans ce domaine, l’IA est en passe, selon l’étude, « de transformer de manière significative les pratiques et les méthodologies de travail ». Cette technologie permet en effet « d'analyser rapidement de vastes volumes de données financières, d'identifier des anomalies ou des irrégularités, et de fournir des analyses plus approfondies ».
Deloitte, KPMG, et PwC seraient ainsi « à la pointe de l'intégration de l'intelligence artificielle pour renforcer leurs capacités d'audit et de comptabilité ». Certains de ces cabinets utilisent cette technologie pour mieux prévoir l’évolution des revenus de leurs clients.
Fonctions support aussi...
Les fonctions support sont aussi touchées. Dans les RH, au-delà des outils classiques de tri des candidatures, IBM propose le Watson Career Coach, un assistant alimenté par l’IA afin de guider les employés dans leur développement professionnel. Pour accélérer son processus de sourcing, étoffer son panel fournisseurs et réduire ses coûts d’achats, la Caisse d'épargne Provence-Alpes-Corse (Cépac) utilise la plateforme Silex.
Quel impact sur les métiers et les compétences ?
L’étude analyse la répercussion des outils issus de l’IA sur 115 méta-métiers du périmètre Atlas couvrant 6.834 compétences et établit une graduation de l’impact sur cinq degrés :
- négligeable ;
- léger ;
- modéré : « L’IA peut aider à résoudre des problèmes complexes, générer du contenu et a le potentiel d’accélérer les processus » ;
- important : « Bien qu’elle ne remplace pas la maîtrise humaine de la compétence, l’IA transforme fortement cette compétence, en permettant des avancées importantes dans la réalisation des tâches concernées » ;
- et majeur : « Bien qu’elle ne remplace pas la maîtrise humaine de la compétence, l’intelligence artificielle révolutionne cette compétence en dépassant largement les capacités humaines, redéfinissant les limites actuelles de la compétence et ouvrant de nouvelles perspectives. »
Les auteurs de l’étude ont créé des tableaux listant les métiers les moins touchés…
… ainsi que ceux susceptibles de subir les plus fortes transformations
Ils ont également ventilé les méta-métiers de chaque secteur selon leur exposition à l’impact de l’IA
Enfin, l’étude a aussi tenté d’établir le pourcentage de possibilités d’évolution des métiers en forte transformation.
(1) Étude de l'OPCO Atlas : Étude exploratoire sur les tendances de l’IA pour l’évolution des métiers (à paraître).