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Cadres et entreprise : vers une crise des valeurs ?

GRH - Gestion des ressources humaines | publié le : 29.10.2024 | Gilmar SEQUEIRA-MARTINS

Cadres et entreprise : vers une crise des valeurs ?

Crédit photo naka/Adobe Stock

Autrefois aile marchante du conseil d’administration, les cadres éprouvent un malaise croissant vis-à-vis de leur travail et constatent qu’il n’est pas rémunéré à sa juste valeur.

Les cadres seraient-ils en train de devenir des salariés comme les autres ? Le dernier baromètre de l’Ugict-CGT conforte cette tendance, chiffres à l’appui1. Plus de 6 cadres sur 10 (63 %) déclarent travailler plus de 40 heures par semaine, et 25 % plus de 45 heures par semaine. Globalement, 82 % déclarent faire des heures supplémentaires. Parmi la majorité (51 %) qui déclare en faire régulièrement, le taux grimpe à 70 % parmi les professions scientifiques et à 64 % chez les cadres de l’administration publique, de l’enseignement, de la santé et de l’action sociale.

La situation tend à se dégrader. Plus d’un cadre sur deux (56 %) estime que sa charge de travail a augmenté par rapport à l’année dernière et ils sont presque autant (48 %) à devoir « travailler fréquemment » pendant leurs jours de repos. Cette moyenne cache des taux beaucoup plus élevés parmi les professions scientifiques (85 %) ou la fonction publique (79 %). À peine la moitié (51 %) des cadres affirme disposer du temps de repos légal de 11 heures entre deux journées de travail et une minorité non négligeable (6 %) déclare ne jamais pouvoir en bénéficier.

83 % parmi les forfaits jours

Ces heures supplémentaires sont-elles rétribuées ? Rarement : plus de la moitié des cadres (58 %) faisant des heures supplémentaires déclarent qu’elles ne sont ni récupérées ni rémunérées. Dans le secteur privé, trois quarts des cadres administratifs et commerciaux (76 %) et presque autant parmi les ingénieurs et cadres techniques font le même constat.

Parmi les cadres en forfait jour, soit 41 % de l’ensemble – mais 73 % dans l’industrie manufacturière et les industries extractives –, c’est quasiment la règle puisque 83 % ne perçoivent aucune rémunération ni compensation. Les professions intermédiaires sont les moins mal loties puisque moins d’un quart des salariés (22 %) est dans l’impossibilité de récupérer ou de se faire rémunérer les heures supplémentaires effectuées.

52 % en contradiction avec l’entreprise

Résultat : près de la moitié des cadres (46 %) considère ne pas être assez rémunérée en regard de son temps de travail, taux qui atteint 58 % parmi ceux en forfait jour. Le processus en amont n’échappe pas non plus à cette appréciation négative. Plus de la moitié considère que le système d’évaluation professionnelle n’est ni transparent (52 %) ni basé sur de bons critères (55 %).

Autre facteur important à prendre en compte : le mal-être au travail des cadres augmente ainsi que leur distance vis-à-vis des décisions prises par l’entreprise. La proportion de cadres déclarant « être fréquemment en contradiction avec les choix et pratiques réels de son entreprise ou administration » est désormais majoritaire (52 %) avec une progression de 3 points de pourcentage par rapport à 2023.

58 % pour un droit d'alerte

Une détérioration du lien à l’entreprise à mettre en relation avec une autre évolution significative : deux tiers des cadres (66 %) ne se sentent pas associés aux décisions stratégiques de leur entreprise ou organisation et près de 6 sur 10 (58 %) aimeraient disposer d’un droit d’alerte dans l’exercice de leurs responsabilités, afin de pouvoir refuser la mise en œuvre d’une directive contraire à leur éthique.

Dernier facteur corroborant un alignement des cadres sur les autres catégories de salariés : leur intérêt croissant pour les syndicats. Alors qu’ils n’étaient que 17 % en 2012 à déclarer faire confiance aux syndicats pour défendre leurs droits, ce taux atteint aujourd’hui 34 % en moyenne. Parmi les jeunes cadres, il grimpe à 49 %, fournissant ainsi aux équipes RH un indice sur l’attitude à laquelle s’attendre dans les prochaines années.


(1) Baromètre et opinions des cadres (Ugict-CGT) : Travailler plus pour gagner moins : la nouvelle donne pour les cadres

Auteur

  • Gilmar SEQUEIRA-MARTINS