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Le port du masque en entreprise obligatoire au 1er septembre

Conditions de travail | publié le : 18.08.2020 | Benjamin d'Alguerre

Pour travailler heureux, travaillons masqués. C’est en substance la décision prise par le ministère du Travail à l’issue de deux rencontres – les 14 et 18 août – avec les partenaires sociaux portant sur les conditions de sécurité sanitaire en entreprise dans le cadre de la poursuite de la lutte contre la pandémie de Covid-19. A compter du 1er septembre, le port du masque sera « systématisé » - comprendre : obligatoire – partout dans les espaces clos partagés au sein des entreprises. Seront ainsi concernés les open-spaces, salles de réunion, bureaux partagés, vestiaires ou encore couloirs. Ne seront épargnés que les bureaux individuels, à condition cependant que l’occupant y soit bien seul.

Bien sûr, en fonction des situations, davantage de souplesse sera possible : « l’adaptation de ces règles sanitaires à l’organisation du travail devra passer par le dialogue social », précise -t-on au ministère du Travail. Et dans les entreprises où n’existent pas d’instances représentatives du personnel, les employeurs seront incités à engager un dialogue direct avec leurs salariés. Le Gouvernement et les partenaires sociaux envisagent d’ailleurs, dès la semaine prochaine, saisir le Haut conseil à la santé publique (HSCP) pour l’interroger sur les modalités envisageables d’adaptation de cette mesure. « S’il n’y a que deux salariés dans un open-space de 150 m2, l’opportunité du port du masque pourra être débattue », indiquait mardi 18 août Laurent Pietraszewski, secrétaire d’Etat en charge notamment de la Santé au travail. Cette saisine pourra également statuer sur la validité de choix des entreprises souhaitant substituer des méthodes de protection alternatives au port du masque comme, par exemple, l’installation des parois de plexiglass entre les salariés.

Le risque d’une augmentation des clusters "entreprises" à la rentrée

Le nouveau protocole de sécurité sanitaire, qui devrait remplacer « de manière pérenne » l’ancien protocole de déconfinement, doit être élaboré dans les deux semaines à venir et finalisé avant que l’obligation du port du masque ne soit généralisée le 1er septembre prochain. Certains secteurs particulièrement sensibles – comme celui des abattoirs – feront l’objet de ciblages particuliers, de même que tous ceux que les branches professionnelles signaleront aux services des ministères du Travail et de la Santé.  « Nous travaillons actuellement avec les autorités sanitaires afin de pouvoir disposer d’une cartographie quantitative et analytique des foyers de contamination », observe le ministère du Travail. Aujourd’hui, sur les 268 clusters faisant l’objet d’une enquête, 60 dont liés au monde professionnel. Dans ces conditions, la reprise du travail de septembre laisse redouter une augmentation sensible du risque de contamination. Le nouveau protocole présenté le 18 août aux partenaires sociaux rappelle d’ailleurs les mesures complémentaires au port du masque comme le respect des gestes-barrière et des conditions de distanciation sociale ou la généralisation du télétravail. Les partenaires sociaux, engagés depuis le début de l’été dans une concertation sur le développement de cette forme de travail à distance, sont d’ailleurs incités – en douceur – à faire évoluer cette concertation vers une véritable négociation susceptible de déboucher sur un accord national.

Le patronat, qui avait espéré que les mesures de protection sanitaire contre la propagation de la Covid-19 soient laissées à l’appréciation des employeurs, n’auront donc pas eu gain de cause. « L’obligation du port du masque nous apparaît trop restrictive : on nous a parlé de dérogations possibles en fonction des situations particulières des entreprises et des branches, mais tout cela reste pour l’instant très flou », indique Laurent Munerot, président de l’U2P, la confédération des employeurs de l’artisanat et des professions libérales. C’est d’ailleurs aux employeurs qu’il reviendra de fournir les masques à leurs salariés, à raison de deux par jour minimum. Et ce, sous peine de sanctions par l’Inspection du Travail. Dans les rangs patronaux, on se fait une raison : « ce ne sera pas facile, surtout dans les petites structures, mais si c’est le prix à payer pour éviter un nouveau confinement, alors allons-y », glisse Laurent Munerot. 

Auteur

  • Benjamin d'Alguerre