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Recruter un senior : les arguments en débat

Recrutement | publié le : 25.10.2023 | Gilmar Sequeira Martins

Recruter un senior : les arguments en débat

Recruter un senior : les arguments en débat.

Crédit photo peopleimages.com/Adobe stock

Qui sont vraiment les seniors ? À l’heure des pénuries de main-d’œuvre qui contraignent nombre de secteurs à se tourner vers des candidats habituellement moins prisés, une étude vient utilement dissiper les stéréotypes entourant les capacités, mais aussi les motivations, des seniors. De quoi éclairer et enrichir le processus de décision de nombreux RH.

Qui est senior ? La réponse varie en fonction des secteurs économiques et des… personnes. Une étude de Dentsu1 menée au deuxième trimestre auprès d’un panel représentatif de la population âgée de 45 à 75 ans illustre le caractère mouvant de la perception associée à ce terme. Si les entreprises considèrent généralement que les salariés de plus de 45 ans sont des seniors, les responsables du secteur de la communication et des médias placent la barre à 50 ans et plus. Quant aux personnes sondées, ils ne se considèrent en moyenne eux-mêmes comme « seniors » qu’à partir de… 63 ans. L’étude relève que cette vision n’est guère éloignée de celle défendue par les responsables de secteurs comme l’administration (60-65 ans) ou la santé (70 ans).

Une majorité des répondants (55 %) se déclare en activité, soit un taux similaire à celui indiqué par la Dares. La structure du ministère du Travail chargée d’établir des statistiques a établi que le taux d’emploi des 55-64 ans s’établissait à 55,5 % pour les femmes (4e rang de l’Union européenne) et de 58,3 % pour les hommes (7e rang de l’UE). Les trois premières positions sont occupées par la Suède avec des taux d’emploi de 74,9 % pour les femmes et 79,7 % pour les hommes, l’Allemagne (69,5 % pour les femmes et 77,2 % pour les hommes) et le Portugal (61,5 % pour les femmes et 71 % pour les hommes).

Les seniors contents de travailler, mais...

En France, les taux d’emploi des personnes âgées de 55 à 59 ans et de 60 à 64 ans ont connu de fortes évolutions. Celui des 55-59 ans a connu un pic en 1977 (62,6 %) avant de décliner jusqu’aux environs de 50 % entre 1983 et le début des années 2000 (avec un pic de 48,2 % en 1987) avant d’entamer une remontée continue et s’établir à 76,4 % en 2022. Le taux d’emploi des personnes âgées de 60 à 64 ans a connu son plus bas en 2001 (10,8 %) avant d’entamer une lente remontée pour atteindre 36,2 % en 2022.

L’étude de Dentsu se penche sur le rapport au travail des seniors et révèle qu’une large majorité d’entre eux (62 %) occupe son poste depuis au moins dix ans et qu'ils se montrent à 81 % « fier[s] de leur carrière et de tout le chemin parcouru ». Une majorité (55 %) estime cependant ne plus pouvoir espérer de « belles opportunités de carrière » dans le futur. Sont-ils satisfaits de leur activité ? Oui, à 75 %. Ce taux de satisfaction augmente d’ailleurs avec l’âge, les personnes âgées de 65 à 74 ans se disant les plus épanouis dans leur travail. L’écart entre femmes et hommes est toutefois très net puisqu’elles ne sont que 67 % à partager cette opinion, alors que c’est le cas de 82 % des hommes.

... mécontents des stéréotypes liés à leur âge

Les seniors se sentent-ils à l’aise avec la transformation de l’entreprise ? Oui, à une écrasante majorité puisque 27 % seulement se disent dépassés par les nouveaux modes de travail. Plus préoccupant pour les directions et le management : près d’un senior sur trois (29 %) se sent « mis de côté par [son] entreprise ». Autre stéréotype à oublier : les seniors actifs sont à une écrasante majorité (80 %) favorables à des environnements multigénérationnels et ils apprécient les nouveautés technologiques (75 %). Ils recourent très largement aux achats en ligne (80 %), aux réseaux sociaux (70 %) et le streaming n’a rien d’un territoire inconnu : 4 seniors sur 10 ont déjà visité une plateforme de ce type. Cette réalité reste cependant méconnue des médias pour 70 % d’entre eux, ce qui a des répercussions sur leur quotidien professionnel. Ils sont près de 8 sur 10 (79 %) à déplorer ne pas être sollicités sur les projets d’avenir, ni sur leur capacité à changer la société.

Cette impression rampante d’être tenus à l’écart suscite logiquement des envies de reconversion. Près de la moitié des seniors (46 %) déclare rechercher un métier « avec plus de sens », un tiers (33 %) souhaiter apprendre et découvrir de nouveaux horizons et 31 % ressentir le besoin d’exercer une activité moins pénible mentalement. Quels sont les domaines qui attirent le plus ces seniors en quête de reconversion ? Le domaine social et sanitaire arrive en tête (32 %), suivi par la communication et le digital (25 %), que talonnent le conseil et le coaching (22 %). La production ou la vente de produits artisanaux ainsi que la finance ferment la marche avec, respectivement, 21 % et 17 % des suffrages. En résumé, les seniors ont l'expérience, les connaissances et l'envie de démontrer leur valeur dans des domaines qui les intéressent. Quel recruteur ne souhaiterait pas recevoir des candidats dotés de ces caractéristiques ?


(1) Étude de Dentsu France sur "l'inclusion des seniors dans l'univers du travail". 

Auteur

  • Gilmar Sequeira Martins