Payer le loyer durant la période d’essai pour attirer plus de candidats ? C’est le pari que se lancent l’Umih de Moselle et l’agence d’attractivité du département pour maximiser les recrutements.
En Moselle, la crise du recrutement frappe tous les secteurs, mais encore plus les activités de l'hôtellerie-restauration. Le constat de Christophe Thiriet, président de l’Union des métiers et des industries de l'hôtellerie (Umih) de Moselle, sur l’année écoulée est sans appel : « Faute de personnel, certains hôtels ont dû fermer des chambres, et des restaurants ont dû fermer des terrasses ou des parties de terrasses faute de serveurs ou de cuisiniers. » Étant membre du conseil d’administration de Moselle Attractivité, l’agence chargée du développement du territoire, il a mis le sujet sur la table.
Dès l’automne dernier, un plan d’action a été lancé, reposant sur trois axes : attirer les talents, les fidéliser et faire revenir tous ceux qui connaissent le département pour y avoir séjourné et/ou travaillé. En parallèle, un groupe de travail a été constitué pour analyser plus en détail la situation et faire émerger des solutions. « Les travaux ont montré que l'hospitalité était un point faible, car trouver un logement n'est déjà pas facile pour les personnes disposant d'un emploi stable, mais cela est encore plus difficile pour les salariés en période d'essai, résume Christophe Thiriet. Les bailleurs demandent en effet généralement de justifier d'un CDI et de fournir les trois dernières fiches de paie. La situation se complique encore plus lorsqu'il s'agit de personnes qui arrivent dans une région qu'elles ne connaissent pas. »
La situation n’est pas totalement nouvelle puisque des entreprises mettent déjà à disposition des logements pour des périodes d’essai ou même pour des personnes intégrant les effectifs. Leur nombre reste cependant très inférieur à la demande. Que faire ? Le groupe de travail a élaboré une initiative invitant les employeurs à prendre en charge le montant du loyer durant la période d'essai. Conscient des objections possibles, Christophe Thiriet a préparé ses arguments : « Aujourd'hui, beaucoup d'entreprises font appel à des cabinets de recrutement ou des chasseurs de têtes. Personne ne s'étonne que cette prestation ait un coût. Financer un loyer durant une période d'essai doit être envisagé dans la même optique : c'est un outil supplémentaire permettant de recevoir des candidatures et de trouver le meilleur profil possible. » Il avance un autre atout du dispositif : créer un lien entre l’employeur et le salarié qui favorisera la fidélisation.
Des contacts ont déjà été pris avec des bailleurs sociaux pour disposer d’un volume de logements supplémentaires et une campagne de communication va être lancée au second trimestre à l’échelle nationale, voire internationale. Christophe Thiriet se souvient encore de l’impact d’un article publié en 2021 dans le New York Times sur la situation de l’hôtellerie en Moselle : « Nous avons reçu des lettres de candidatures provenant quasiment du monde entier. » En 2023, avec la possibilité d’un logement gratuit, les chances d'avoir davantage de candidats sont largement multipliées.
