logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Recrutement: des «tensions» jusqu’en 2030

Recrutement | publié le : 09.11.2022 | Gilmar Sequeira Martins

Recrutement: des «tensions» jusqu’en 2030

Recrutement: des «tensions» jusqu’en 2030.

Crédit photo Studio Romantic - Adobe Stock

Les difficultés de recrutement vont persister. C’est le constat que dresse le rapport qu’a remis Philippe Dole, inspecteur général des affaires sociales honoraire, au ministre du Travail début novembre. Il indique en effet que «les tensions sur certains métiers sont devenues une constante, et contrairement à ce que la théorie économie a souvent prédit, elles peuvent fort bien s’accommoder d’un niveau élevé de chômage». Le rapport souligne que les très petites entreprises sont «les plus fragilisées» sur les métiers en tension. L’une des solutions serait «l’élargissement des critères de recrutement, la formation interne, les évolutions professionnelles de collaborateurs existants, voire le recours à l’intérim». Force est de constater cependant que «le prix à payer» est souvent l’abandon des projets de recrutement, qui a pour conséquence une stagnation ou une baisse du chiffre d’affaires.

Le rapport relève aussi les effets de bord des politiques publiques mises en œuvre pour relever ces enjeux. Il note que «de multiples réformes ont été adoptées, qui peu ou prou s’attachaient à tel ou tel facteur de tension et se sont efforcées de rapprocher l’école et l’entreprise». Si Philippe Dole concède que les «plans massifs de formation et l’élévation du niveau de diplôme» ont bien permis «d’accompagner le progrès technologique», ils ont aussi eu un «effet collatéral» qui apparaît aujourd’hui dans toute son ampleur: orienter toujours plus d’élèves vers les disciplines générales, ce qui a réduit du même coup l’attractivité de certaines filières «pourtant créatrices d’emploi».

Les perspectives pour la décennie à venir ne sont guère meilleures. Le rapport note en effet que, selon les données prospectives à l’horizon 2030 publiées par France Stratégie, «la baisse relative de la population âgée de 25-54 ans devrait se poursuivre et la croissance de la population aux extrémités de la pyramide des âges ne permettrait pas de contrebalancer la diminution de la population au cœur de l’activité professionnelle, âgée de 30 à 50 ans». Toujours selon France Stratégie, la situation en 2030 serait la suivante: le pays compterait 12,5 millions d’actifs diplômés du supérieur, soit 1,8 million de plus qu’en 2018, la part des diplômés de l’enseignement supérieur dans la population active atteindrait alors 48%, soit six points de plus que la part actuelle (42%) et presque quatre fois plus qu’en 1986 (14%).

Que faire ? Le rapport préconise «d’agir simultanément sur de multiples facteurs et acteurs» et insiste sur le rôle des branches professionnelles dans le processus en listant les six axes guidant les plans d’actions qui leur ont été présentés: agir sur l’orientation et la relation école-entreprises ; sur la promotion, l’attractivité des métiers et des rémunérations, ainsi que sur la qualité de vie au travail, dans la cadre de la négociation collective ; sur le marché du travail au moyen de conventions de partenariat avec le service public de l’emploi (initiative de Pôle emploi) ; optimiser le cadre administratif et les voies de certification et d’évolution professionnelle en renforçant le dialogue entre les branches et les pouvoirs publics ; anticiper, ajuster et réguler l’effort de formation ; enfin, piloter le plan et évaluer.

Auteur

  • Gilmar Sequeira Martins