Recruter et fidéliser. Ces missions classiques ont vu leurs tableaux de bord radicalement transformés depuis le début de la crise sanitaire. C’était il y a trois ans déjà. En mars 2020, face à la dangerosité du virus causant la Covid-19, le Gouvernement ordonnait le confinement de la population et donnait une ampleur inattendue et inédite au télétravail. Jusque-là marginale, cette pratique allait s’étendre presque du jour au lendemain à des millions de salariés. Elle est désormais bien installée dans le monde du travail. Une étude récente de Robert Half confirme l’ancrage du modèle de l’organisation hybride. Parmi les dirigeants, le présentiel à plein temps fait désormais partie d’un temps révolu. En 2019, la moitié d’entre eux (49 %) privilégiait ce mode d’organisation. Aujourd’hui, ils ne sont plus que… 25 %. Plus déterminant encore pour l’avenir, près de quatre sur dix (36 %) déclarent promouvoir les possibilités de télétravail et de travail à distance dans leurs offres d’emploi pour attirer les candidats et un tiers (34 %) reconnaît offrir davantage de possibilités de travail flexible ou à distance pour réduire le risque de départ des collaborateurs.

Deux autres facteurs prennent une importance croissante : l’équilibre entre vie professionnelle et privée ainsi que la flexibilité. Selon les données de l’enquête « Ce que veulent les candidats en 2023 », plus de 6 salariés sur 10 (62 %) affirment être « plus exigeants » sur l’équilibre entre vie professionnelle et privée depuis le déclenchement de la crise sanitaire et plus de 4 sur 10 (43 %) sur la flexibilité. L’organisation hybride du travail a-t-elle favorisé une plus forte demande ? Elle permet en tout cas d’y apporter une réponse appropriée. Ce critère revêt une importance accrue à l’heure des pénuries de main-d’œuvre. Chez près d’un tiers des salariés (30 %), une flexibilité réelle constitue un « critère majeur » pour préférer une entreprise plutôt qu’une autre. Dans une proportion similaire (31 %), le manque de flexibilité serait un motif suffisant pour les pousser à refuser une offre d’emploi. Ce paramètre a aussi un impact important sur la fidélisation : plus d’un tiers des salariés (36 %) déclare en effet que c’est ce paramètre qui les inciterait à rester dans une entreprise plutôt qu’à en chercher une autre.

Quel avenir les entreprises réservent-elles à l’organisation hybride et à l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée ? Ces éléments semblent plutôt assurés d’une certaine pérennité compte tenu de la vision positive qu’en ont une majorité de dirigeants d’entreprise. À leurs yeux, le télétravail constitue une opportunité pour attirer de nouveaux talents (54%), une contribution au bien-être des collaborateurs (53 %), un gisement de productivité (52 %) et même un levier de motivation (50 %). Ils sont à peine moins nombreux à y voir aussi un facteur de rétention des collaborateurs (44 %). Alors que la croissance de la population active devrait être très faible jusqu’en 2025, ces facteurs devraient prendre encore de l’importance et même susciter des pratiques nouvelles.