Toujours promptes à avancer des facteurs extérieurs tels que le manque de profils adaptés ou même le manque de candidats, les entreprises feraient bien, d’abord, de revoir leur propre fonctionnement pour réduire leurs difficultés de recrutement. Propos de syndicaliste ? Pas vraiment. Cette conclusion est émise par une étude publiée en juin par France Stratégies, un organe de réflexion rattaché aux services du Premier ministre. Basé sur les données issues principalement de la Dares et de Pôle emploi, le document tente d’établir quelles parts des difficultés de recrutement doivent être attribuées à deux séries de facteurs : ceux dits "observables" et ceux dits "non observables". Dans la première catégorie sont rangées les caractéristiques relatives aux métiers recherchés, à l’entreprise (taille, secteur d’activité, taux de rotation des salariés), à la localisation et aux conditions économiques (densité de population, taux de chômage, etc). Dans la seconde catégorie sont rangés des facteurs tels que la gestion des ressources humaines et du management, la psychologie du chef d’entreprise, l’image de marque de l’entreprise.

L’étude conclut que les facteurs "observables" ne peuvent expliquer qu’environ 14 % des difficultés avancées par les employeurs, elles-mêmes liées essentiellement aux caractéristiques des métiers. Les auteurs en déduisent aussi que les dirigeants à la tête d’entreprises ayant des caractéristiques semblables portent un regard très différent sur les difficultés de recrutement rencontrées ou anticipées. En se basant sur des statistiques descriptives et des analyses économétriques, l’étude estime qu’un "effort ciblé sur les métiers en tension" permettrait d’augmenter l’offre de travailleurs et ainsi de "réduire sensiblement" les difficultés de recrutement.

Elle recommande aussi, pour résorber les difficultés anticipées, de favoriser les échanges personnalisés avec les employeurs. Ils permettraient d’améliorer le processus de recrutement, voire de faire évoluer des internes de l’entreprise comme la gestion des ressources humaines. Le document relève que des mesures ont été prises récemment dans ces deux champs, en l’occurrence l’incitation mise en place par le Gouvernement pour accroître les formations centrées sur les métiers en tension mais aussi les programmes de Pôle emploi à destination des petites et moyennes entreprises afin de réduire la durée et le coût de leurs recrutements.