Le sport comme outil de recrutement ? Randstad et Pôle emploi ont lancé des initiatives en ce sens pour surmonter la pénurie de candidats, toujours aussi forte et qui devrait s’accentuer avec les besoins croissants de secteurs comme l’industrie.

Réunir candidats et recruteurs sur une piste d’athlétisme pour un 800 m ou au sein d’un dojo pour s’initier au judo ou aux techniques de « self-defense »… avant de parler de postes à pourvoir ? Très éloignée des canons du recrutement, l’idée fait pourtant son chemin, du fait des difficultés croissantes de recrutement. Et pour cause : les dernières prévisions de l’Insee, établies fin 2022, tablent pour 2023 et 2024 sur une croissance presque nulle de la population active : elle devrait croître de 4 000 personnes, puis se réduire d’autant ! En parallèle, de nombreux secteurs augmentent leur volume de recrutement. Le redémarrage de l’aéronautique implique ainsi des prévisions d’embauches importantes. Airbus prévoit d’accueillir 13 000 nouveaux collaborateurs, dont 3 500 en France, Safran presque autant (12 000), mais davantage en France (4 500), et Thales n’est pas en reste. Certains secteurs subissent une tension très forte, comme celui de la sécurité, ce qui pourrait menacer le schéma initial prévu pour les Jeux Olympiques de 2024.

En Île-de-France, les entreprises estiment « difficile » près de la moitié des recrutements. Et pourtant, la région n’est pas la plus mal lotie en nombre moyen de candidats par offre d’emploi. Selon les données du baromètre annuel publié en début d’année par Golden Bees, les offres d’emploi diffusées en Île-de-France suscitent en moyenne 1,5 candidature. C’est quasiment le double de la moyenne nationale (0,88), mais cette donnée masque de fortes disparités : certaines régions subissent de puissantes tensions, à l’instar de la Nouvelle-Aquitaine (0,6 candidat par offre) ou de la Bourgogne et de la Bretagne (0,5).

Pour faciliter les rencontres entre candidats potentiels et recruteurs, Randstad a lancé à l’échelle nationale l’opération « Trouve ton job » autour d’activités sportives. En Île-de-France, il s’est associé avec Pôle emploi à travers « Impact 2024 – du stade vers l’emploi » qui se déroule sur une journée. Le matin ont lieu des rencontres entre équipes dans lesquelles se trouvent des candidats et des recruteurs qui ignorent leurs statuts respectifs. Pour Catherine Poux, directrice du développement des services aux entreprises, l’initiative a une grande vertu : « Cela permet d'entamer l'échange autour d'un sport avant d'évoquer les opportunités d'emploi. » Après cette première étape, un déjeuner réunit les participants, ce qui leur permet de tisser de nouveaux liens. Ce n’est que l’après-midi que les participants découvrent qui est candidat et qui est recruteur, juste avant les entretiens classiques de recrutement… Compte tenu des difficultés de recrutement actuelles, qui devraient être appelées à durer, la rencontre sportive pourrait bien devenir un dispositif d’autant plus prisé qu’il permet de découvrir les valeurs animant les participants (engagement, solidarité, souci de la cohésion, persévérance).