Depuis 2008, quelque 100 000 professionnels qualifiés de la tech seraient partis d'Espagne pour chercher du travail ailleurs en Europe. Les entreprises espagnoles ont pourtant besoin, aujourd'hui encore plus qu'hier, de ces talents, mais selon les analyses des experts du secteur, elles n'offriraient pas les conditions de travail et de salaire permettant d'attirer ces talents locaux. En conséquence, 120 000 postes restent à pourvoir à l'heure actuelle, faute de candidats. Ces derniers préfèrent s'expatrier en Allemagne, en France, au Royaume-Uni ou en Irlande, où les salaires sont plus élevés. Ainsi, selon les données du secteur, en 2020, un professionnel de la tech, en Espagne, touchait en moyenne 2 810 euros par mois, tandis qu'au Royaume-Uni, le salaire moyen monte à l'équivalent de 4 825 euros, et en Allemagne, à 5 793 euros.

Gary Mullan, le PDG de Prosperity Digital, un cabinet de recrutement spécialisé dans la tech estime que le salaire est en effet "un élément clé pour quiconque cherche un emploi en Espagne. En outre, les entreprises doivent reconnaître la valeur qu'apportent ces talents à leurs activités et comprendre que dans un univers extrêmement concurrentiel, elles doivent investir". De même, ajoute-t-il, "elles doivent, au-delà du salaire, offrir des conditions de travail telles que celles dont les techies jouissent ailleurs, qui vont de la possibilité de télétravailler ou de pratiquer le travail hybride, à un vrai plan de carrière, fondé sur la formation et l'évolution". Enfin, malgré un plan d'éducation numérique mis en œuvre par l'Espagne pour la période 2021-2027, le système éducatif national, comme ailleurs en Europe, d'ailleurs, ne forme pas assez de spécialistes de la tech.