Du jamais vu depuis 14 ans. Au premier trimestre, 520 000 démissions ont été enregistrées dont 470 000 de personnes en CDI, soit le niveau le plus élevé jamais enregistré. Le précédent record datait du 1er trimestre 2008 avec 510 000 départs de salariés dont 400 000 pour des CDI. Pour redonner sa juste proportion au phénomène, les statisticiens de la Dares ont ramené le nombre de démissions aux effectifs globaux de salariés. Le taux obtenu atteint 2,7 %, soit un chiffre inférieur à celui relevé au premier trimestre 2008 (2,9 %). Cette méthode statistique permet aussi de relativiser le phénomène observé aux États-Unis. Si le taux de démission fin 2021 est le plus élevé depuis l’an 2000, il n’atteint que 3 %.
En France, dans le détail, la situation varie selon la taille des entreprises et les secteurs. Sur les sociétés comptant 50 salariés et plus, le taux de démission atteint un plus haut depuis… 1993 avec 2,1 %. Il reste malgré tout inférieur à celui observé au début des années 2000 (2,3 % au premier trimestre 2001). Dans l’industrie manufacturière, le taux de démission actuel atteint des niveaux similaires à ceux relevés entre les années 1950 et 1970. L’étude de la Dares note que le taux de démission suit les variations des cycles économiques, diminuant lors des crises et augmentant lors des périodes de reprise. Les auteurs estiment « normale » la hausse de ce taux dans la période actuelle d’embellie consécutive à la crise de la Covid-19 et étayent leur position en avançant d’autres indicateurs tels que le taux d’emploi, plus élevé qu’avant la crise et toujours en croissance pour toutes les tranches d’âge.
Pour la Dares, le haut niveau du taux de démission doit être relié aux difficultés de recrutement. Dans l’industrie et les services, il faut remonter au début des années 2000 pour retrouver un niveau de difficulté comparable pour embaucher. Le bâtiment n’a pas connu de situation comparable depuis 2008. Ces difficultés créent nolens volens des opportunités pour les salariés déjà en poste, suscitant des départs qui viendront créer de nouvelles difficultés. La Dares a aussi analysé la rapidité du retour en emploi des démissionnaires. Environ huit sur dix trouvent un nouveau travail dans les six mois qui suivent leur départ, un taux stable par rapport à l’avant-crise sanitaire. Selon les auteurs de l’étude, cette situation favorable aux salariés pourrait mener à une augmentation des salaires.