Avec l’IA, LinkedIn compte faciliter la recherche d’emploi et l’identification de profils pour les recruteurs tout en améliorant l’acquisition de compétences grâce à son offre grandissante de formations. Explications.
Comment abordez-vous les possibilités de l’IA ?
Fabienne Arata : Notre ambition est restée intacte depuis notre création en 2003. Elle consiste à accompagner tous les professionnels, dans le monde entier, afin de leur offrir des opportunités économiques, c'est-à-dire un accès égal à l'emploi, à la construction d’un réseau professionnel, à l'information et à la formation. Notre métier, c'est de connecter ces professionnels entre eux et de les connecter avec les entreprises. En nous appuyant sur l’IA, nous réimaginons ce que nous offrons à nos membres et aux entreprises afin qu’ils disposent de plus de temps pour se concentrer sur des tâches plus spécifiques.
Comment se traduisent concrètement ces ambitions ?
F. A. : LinkedIn offre plusieurs possibilités aux professionnels. La première, c’est de mener leur recherche d'emploi, qu’elle soit active ou passive, qu’elle se déroule à l'extérieur de leur entreprise ou en son sein, dans le cadre d’une mobilité interne, comme nous l’avons fait récemment avec Crédit agricole SA. La seconde possibilité proposée aux professionnels, c’est de construire leur réseau professionnel de manière sécurisée, de converser avec des experts et ainsi trouver de l'information afin de poursuivre leurs objectifs, mais aussi de se former.
« Rédiger un CV et une lettre de motivation est une source de stress. Aujourd'hui, l'IA et les solutions que propose LinkedIn permettent aux professionnels en recherche de passer cette barrière de l'angoisse de la page blanche. »
Quid du côté des recruteurs ?
F. A. : Grâce à LinkedIn, les entreprises peuvent agir sur les trois grands domaines qui régissent leur développement. Le premier, ce sont les sujets RH, qu’il s’agisse de la construction des talents et des compétences, du recrutement (externe comme interne), de la formation et du développement. La prospection commerciale est le deuxième domaine. Tout l’enjeu est de déterminer comment mieux s’adresser à l’audience professionnelle présente sur LinkedIn, mieux connaître ses prospects et les décideurs de ses clients. La communication est le troisième domaine. Les entreprises peuvent communiquer sur un mode institutionnel, sur leurs offres et leurs produits, mais aussi dans le champ de la marque employeur.
Quels outils d’IA proposez-vous ?
F. A. : Pour la moitié des actifs, la recherche d’emploi est perçue comme frustrante, chronophage et stressante. Rédiger un CV et une lettre de motivation est une source de stress. Aujourd'hui, l'IA et les solutions que propose LinkedIn permettent aux professionnels en recherche de passer cette barrière de l'angoisse de la page blanche. Par ailleurs, 41 % de ces mêmes professionnels déclarent avoir rarement de feedback des entreprises auprès desquelles ils ont candidaté, y compris parfois après un entretien. Pourquoi ? Parce que les équipes des recruteurs sont contraintes par beaucoup de tâches très chronophages, qu’il s’agisse de communication, de rédaction des offres, etc. Conséquence : certaines tâches sont évidemment moins bien traitées, ce qui obère la qualité de la relation avec le candidat. Avec nos outils, tant les candidats que les recruteurs gagnent du temps et peuvent en consacrer davantage à la préparation de l’entretien.
« Le recruteur va voir augmenter sa dimension de communicant et pourra avoir plus de temps pour construire une relation, aller au-devant de l'autre. »
Quels outils d’IA pour les recruteurs ?
F. A. : Avec nos solutions d'IA, un recruteur peut prompter directement sa recherche en langage naturel, en indiquant par exemple : « Je recherche une responsable presse qui travaille en hybride et basée à Paris. » L’IA va aussi lui faire gagner du temps sur la manière de rédiger son offre d’emploi et la poster, en s’appuyant sur celles qui reçoivent les taux de réponse parmi les plus élevés sur notre plateforme. L’IA va également aider les recruteurs à rédiger des messages InMail qui sont plus conformes aux attentes des candidats. Globalement, pour cette dernière fonctionnalité, nous avons observé une hausse de 40 % du taux d’acceptation des messages InMail par les chercheurs d’emploi ainsi qu’une augmentation de 10 % de la vitesse d’acceptation des messages InMail assistés par l’IA.
Comment va évoluer la fonction de recruteur ?
F. A. : Les recruteurs vont pouvoir consacrer plus de temps au candidat ainsi qu'au manager qui a émis le besoin de recrutement, pour mieux cerner le profil et les compétences demandées, mais aussi travailler sur l’onboarding du candidat. Le recruteur va voir augmenter sa dimension de communicant et pourra avoir plus de temps pour construire une relation, aller au-devant de l'autre. Cette évolution va solliciter beaucoup plus les compétences comportementales et relationnelles. Avec l'arrivée de l'IA, sur tous les métiers, il va y avoir un déplacement ou en tout cas une emphase très forte sur l'ensemble des compétences dites « comportementales ». Parce que l'IA décharge les professionnels des tâches répétitives et libère du temps.
« Sur leur profil, je conseille aux candidats de faire figurer les valeurs qui les portent pour deux raisons. »
Comment l’IA peut-elle aider les candidats ?
F. A. : Dans un profil LinkedIn, il y a un en-tête où les candidats décrivent qui ils sont avec une sorte de « elevator pitch ». C'est toujours une étape qui suscite des interrogations et des recherches. Nos outils d’IA proposent un éventail de rédactions possibles, fondé sur une analyse du milliard de profils déjà présents sur LinkedIn, dont 30 millions en France. Lorsque vous indiquez occuper telle fonction dans votre profil, cette fonctionnalité vous permettra de lister toutes les compétences mises en œuvre dans cette activité, ce qui constitue un gain de temps et permet de ne rien oublier. Et cela permet de se benchmarker avec tous les autres profils qui ont occupé cette même fonction. La taxonomie de LinkedIn liste 41.000 compétences normées et nous travaillons avec les pouvoirs publics comme l’Union européenne dans la définition de celles-ci. Nous travaillons aussi avec France Travail et avons, par exemple, contribué à leur étude BMO (Besoins de main-d’œuvre). La taxonomie de LinkedIn est la plus large et la plus profonde du marché.
Quels conseils donneriez-vous aux candidats ?
F. A. : Sur leur profil, je conseille aux candidats de faire figurer les valeurs qui les portent pour deux raisons. La première, c'est qu'aujourd'hui, plus de 60 % des professionnels en France n'accepteraient pas de travailler dans une entreprise qui ne serait pas alignée sur leurs propres valeurs. La deuxième raison, c'est que, depuis plusieurs années, les entreprises ont la faculté sur leur page entreprise LinkedIn de faire figurer leurs valeurs et cela figure aussi dans les profils des dirigeants. Bien évidemment, les outils d’IA vont comparer tous ces éléments pour mieux aiguiller candidats et recruteurs.
La formation va-t-elle être aussi bouleversée ?
F. A. : Il y a en effet un changement de paradigme extrêmement important en matière d'attente et de comportement des professionnels face à la formation et au développement des compétences. Il y a 15 ans, il était difficile de faire venir les collaborateurs en formation. Depuis la pandémie, nous assistons à une inversion radicale du comportement des professionnels. Ils ont véritablement pris en main leur formation. Les candidats et les collaborateurs en poste ont maintenant des attentes nouvelles en matière d'offre de formations qui ont pour corollaire des possibilités de mobilité interne. Le coaching vient compléter et répondre à cette attente parce que les collaborateurs ont envie de se former, mais sans pouvoir toujours se repérer dans l’offre de formation. Globalement, un professionnel se forme pour trois raisons : pour être meilleur dans sa fonction actuelle ; pour devenir responsable d'équipe ou manager, voire plus ; enfin, pour changer de métier. Le rôle de notre plateforme est de fournir cette boussole, d’orienter vers les formations pertinentes et puis, également, ouvrir le champ des possibles, en particulier sur le troisième cas de figure.