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Comment l'Aveyron veut miser sur ses atouts pour attirer les travailleurs extérieurs

Recrutement | publié le : 22.11.2023 | propos recueillis par Gilmar Sequeira Martins

« Des opportunités professionnelles dans un cadre de vie agréable » (Catherine Sciberras, Agence d’attractivité de l’Aveyron)

« Des opportunités professionnelles dans un cadre de vie agréable » (Catherine Sciberras, Agence d’attractivité de l’Aveyron)

Crédit photo DR

L’Aveyron ne veut plus être seulement une « carte postale », mais devenir un choix de vie.
Le Département entend attirer des actifs d’autres régions en misant sur la qualité de vie et en ciblant les collectivités territoriales présentant une structure d’emplois similaire à la sienne. Une stratégie qui commence à porter ses fruits.

Depuis quand l’Aveyron s’est-il doté d’une agence d’attractivité ?

Catherine Sciberras : En 2022, à la demande des élus, l'agence de développement touristique est devenue l'agence départementale de l'attractivité et du tourisme, avec un élargissement de son champ d'action. Elle a désormais pour missions non seulement d’attirer des touristes, mais aussi les nouveaux actifs dont le département a besoin. Cette mission avait besoin d'évolutions et d'un nouvel élan. Cela fait vingt ans que l’Aveyron déploie des politiques avec cet objectif, car le département est confronté à deux défis. Le premier est démographique. Nous nous appuyons sur un solde migratoire qui est positif actuellement, mais que nous devons conforter et accentuer. Cela nous permettra de contenir le vieillissement de la population, de continuer à avoir des services publics et de maintenir l’offre éducative. Le second défi consiste à soutenir notre développement économique. L’Aveyron a des TPE-PME et de grandes entreprises très dynamiques dans différents secteurs : l’agroalimentaire et l’agro-industrie, la construction, l’équipement, l’informatique avec un cluster d’entreprises du numérique, et la mécanique. Entre Figeac et Decazeville existe une « Mecanic Vallée », labellisée « Territoire d’Industrie », riche d’entreprises spécialisées essentiellement tournées vers le secteur aéronautique. Cette dimension industrielle et numérique est la « face cachée » de l’Aveyron. Tous ces secteurs industriels ont des plans de recrutement importants, de même que les services à la personne ou encore la restauration. En Aveyron, le taux de chômage est de 5,7 %.

Quelle est votre stratégie ?

C. S. : Aujourd’hui, l’Aveyron, pour la plupart des Français, c’est un cadre de vacances. Notre objectif, c’est de passer au stade « carte de visite » en faisant comprendre que le département propose beaucoup d’emplois et d’opportunités professionnelles dans un cadre de vie agréable. En 2023, nous avons déjà été présents sur cinq Salons dédiés à l’emploi : à Toulouse, Montpellier, Lille et Paris. Nous allons sur des bassins « émetteurs » à partir de l’étude des flux migratoires entre territoires. Parmi eux figurent Toulouse, Montpellier, Paris, Lille et aussi la région Provence-Alpes-Côte d’Azur. À Paris, nous venons présenter 800 offres d’emploi, mais aussi tout ce peut offrir le département. Nous proposons l'emploi, un cadre et un projet de vie. Nous proposons cela parce qu’aujourd’hui, l’emploi ne constitue qu’un élément dans un choix de vie. Nous pensons que les gens aspirent à avoir un projet équilibré entre la vie professionnelle et la vie personnelle, nous proposons donc un projet de vie global.

Des Lillois veulent s’installer dans l’Aveyron ?

C. S. : Oui, nous attirons des personnes de Lille et de ses environs parce que la structure de l’emploi est similaire à celle de l’Aveyron, que ce soit en matière de salaire ou de type d’activité, notamment dans les unités de production. Les gens de Lille apprécient le côté « sud » de l’Aveyron et son cadre de vie. Il y a une grande appétence des gens du Nord pour notre département. Une petite communauté « ch’ti » s’est même constituée, très active, qui fait part de son expérience à son entourage resté dans le Nord et cela favorise sans doute des installations dont nous n’avons pas connaissance.

Les salaires sont-ils un frein à l’installation ?

C. S. : Les salaires sont en moyenne moins élevés qu’à Paris bien sûr, mais nous disons qu’avec un même niveau de salaire, le pouvoir d'achat est bien meilleur. Nous l’avons constaté avec l'emploi public. Nous avons proposé des postes durant une opération dans le quartier de Bercy et nous avons constaté qu’ils suscitaient des demandes. C’est assez logique. Avec le même traitement, les fonctionnaires ont une qualité de vie très différente selon qu’ils vivent à Paris ou dans l’Aveyron. L’immobilier est aussi un argument. Nous sommes venus à un Salon parisien avec des agents immobiliers. Certains Parisiens nous ont dit que pour le prix d’une maison avec sept pièces en Aveyron, ils ne pouvaient s’offrir qu’un deux-pièces à Paris.

Quel bilan dressez-vous de vos actions ?

C. S. : Nous avons déjà concrétisé 200 installations depuis 2022 et nous accompagnons actuellement environ 190 projets d'installations de foyers, mais un nombre plus important de familles s’installent chaque année en Aveyron. La maturation du projet d'un candidat peut cependant durer un an, voire deux. Nous accompagnons véritablement les projets, nous recontactons régulièrement les gens et nous leur donnons rendez-vous pour faire le point. Nous ne suivons qu’une partie du flux. La majorité des personnes viennent s'installer directement dans le département suite à une recherche d'emploi. Globalement, nous sommes aux alentours d’un solde annuel positif de 2 300 personnes, dont 31 % sont âgés de 25 à 39 ans, alors que cette tranche d’âge ne regroupe que 14,7 % de la population de l’ensemble du département.

Cherchez-vous à attirer des professions spécifiques ?

C. S. : Nous cherchons aussi à favoriser l’installation de professions médicales et paramédicales. Nous intervenons dans les écoles, dans les Salons professionnels et nous avons un partenariat avec l’école vétérinaire de Toulouse pour amener les étudiants sur le territoire. Les facultés de médecine de Toulouse et Montpellier envoient des internes dans les départements. Nous essayons de les convaincre de choisir l’Aveyron avec des dispositifs d'accueil et d'accompagnement, pour que les étudiants fassent leur internat dans le département, ce qui favorise leur installation. C’est une démarche qui commence à porter ses fruits. Nous avons constaté que les jeunes médecins préfèrent s’installer à plusieurs après leur internat et gérer collectivement un cabinet.

 

Auteur

  • propos recueillis par Gilmar Sequeira Martins