La question des reconversions professionnelles figurait au menu de la deuxième réunion consacrée à l’agenda social 2021 entre le ministère du Travail et les partenaires sociaux le 5 octobre. Le sujet est épineux alors que les économistes s’attendent à ce que les conséquences de la crise sanitaire ne se traduisent par la destruction de près d’un million d’emplois. L’exécutif, lors de la présentation générale du plan France Relance, en avait déjà fait le constat en consacrant 15 milliards d’euros à son volet « formation – emploi – conséquences », mais aujourd’hui, c’est la thématique de la mobilité inter-branches qui constitue le cœur des débats. « Les salariés sont difficilement mobiles à cause des doubles carrières des couples, des enfants ou d’éventuels grands-parents placés en établissement qui obligent à concentrer les recherches d’emploi en proximité. Il est nécessaire d’imaginer les solutions pour permettre les reconversions à l’échelle du bassin d’emploi », expliquait un proche d’Élisabeth Borne à la sortie de la réunion.
Deux pistes de travail seront soumises à une prochaine concertation des partenaires sociaux qui devront rendre leur scenarii d’ici la fin du mois d’octobre. Ils seront notamment amenés à plancher sur une nouvelle utilisation du congé de mobilité – un congé de formation utilisé en cas de rupture conventionnelle collective ou d’accord collectif permettant à un salarié de se reclasser sur un autre poste – jusqu’alors boudé par les entreprises. Afin de le rendre plus efficient, il s’agirait de porter sa durée à 12 mois afin de permettre au salarié en reconversion de pouvoir accéder à des formations longues prises en charge en partie par la Pro-A ou le FNE-Formation. Pour l’entreprise, engager des collaborateurs dans ce processus pourrait être accompagné par des baisses de charge à titre d’encouragement. Autre chantier à défricher : celui de la création d’un nouveau « CPF de transition » réservé aux métiers en tension. Un dispositif davantage adapté aux besoins des PME-TPE qui pourrait être co-financé par le FNE-Formation dans le cadre d’un accord GPEC ou de rupture conventionnelle collective.
L'identification des métiers en tension sera réalisée au niveau des bassins d’emploi sous pilotage des Comités régionaux de l’emploi, de la formation et de l’orientation professionnelles (Crefop) et au plan national par France Compétences. Les Associations transition pro (ATP) et les OPCO pourraient également être mobilisés pour le financement de ces opérations de reclassement dans des conditions encore à l’étude pour les partenaires sociaux. « Notre priorité, c’est de s’attaquer aux causes de la tension existante sur ces métiers », précise-t-on au cabinet de la ministre du Travail. « Nous disposons aujourd’hui d’un outil d’analyse qui nous permet d’identifier, métier par métier et branche par branche, les raisons de cette tension. Ce travail sera effectué sous contrôle du groupe paritaire. »