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La Suisse réfléchit à assouplir ses quotas face à la pénurie de main-d'oeuvre

Gestion de l'emploi | publié le : 30.05.2021 | Lys Zohin

Le 4 mai dernier, l'Assemblée fédérale suisse a accepté d'étudier une proposition en vue d'assouplir le système de quotas pour les travailleurs non-européens. Les autorités ont récemment rejeté, après sept ans de négociations, un accord-cadre devant régir ses relations avec l'Union européenne. De quoi menacer l'accès des entreprises suisses à ce vivier de travailleurs. En outre, la pénurie de main-d'oeuvre est de plus en plus criante. Ainsi, Lonza, une société de biotech suisse, a dû retarder, en avril dernier, le lancement d'une unité de production d'ingrédients pour le vaccin Moderna, faute d'avoir trouvé des ingénieurs spécialisés en bioprocess et des contrôleurs qualité. Alors que Lonza avait l'ambition de recruter 1.200 salariés qualifiés, le plafond en matière d'embauche d'étrangers dans le canton du Valais, où se situe l'usine, est de... 42 permis de travail. Or, si les entreprises suisses veulent être compétitives, elles doivent pouvoir s'adjoindre les talents de nouveaux travailleurs. Le débat sur de nouvelles conditions d'accueil de personnel qualifié, plus flexibles, fait rage depuis au moins deux ans. Compte tenu du nouveau contexte, autorités et élus pourraient enfin agir. Pour l'heure, les quotas pour les travailleurs non-européens sont plafonnés d'environ 6.500 à 8.500 permis par an. Ils sont décidés après consultations avec les cantons et selon une analyse des développements économiques et politiques dans le pays. Une fraction de ces permis est attribuée aux cantons en fonction de leurs besoins attendus, les autres placés dans une réserve fédérale. Selon Alexa Mossaz, une juriste spécialisée en immigration pour le cabinet Legal Expat Switzerland, les visas pour des cantons de Genève et Zurich, par exemple, ne sont clairement pas assez nombreux, du fait de la présence de nombreuses multinationales sur place. Ces cantons atteignent en effet le plafond dès la fin du premier semestre et doivent faire appel à la réserve fédérale. Au-delà des tracasseries administratives pour y avoir accès, les entreprises semblent en outre hésiter à réclamer ouvertement un changement du système de quotas, du fait des sensibilités politiques sur le sujet. Les Suisses ne se sont-ils pas prononcés pour une réduction de l'immigration en 2014 ? Approuvée d'une courte majorité, c'est cette restriction qui a donné lieu à la réintroduction des quotas actuels.

Auteur

  • Lys Zohin