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François Moreau, LHH/The Adecco Group : « RCC ou le PSE doivent être l’ultime option des entreprises et pas le premier choix »

Gestion de l'emploi | publié le : 04.09.2020 | Benjamin d'Alguerre

François Moreau.

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Selon François Moreau, président de LHH (ex-Altedia) et vice-président de The Adecco Group, les futurs accords post-crise que signeront les entreprises dans le cadre du plan de relance devront impérativement comprendre des clauses de reconversion professionnelle.

Quelle est votre opinion générale sur le volet « emploi-formation-compétences » du plan de relance présenté le 3 septembre ?

François Moreau : On ne peut que se féliciter de voir le Gouvernement décréter l’emploi priorité absolue de son plan de relance. Tout le monde est conscient que nous nous dirigeons vers une période de restructurations massives dans les entreprises, qu’il s’agisse de grands groupes, d’ETI ou de PME, dans de nombreux secteurs, et que le tryptique emploi-formation-compétences constitue la bonne approche pour régler les questions d’évolution des compétences et de métiers en tension. Insistons sur le fait que le territoire reste le meilleur échelon d’action grâce aux acteurs locaux qui maîtrisent parfaitement l’écosystème économique et qui seront les plus à même d’identifier les emplois non pourvus et de mettre en œuvre les passerelles nécessaires afin d'adapter les compétences aux besoins des entreprises sur les métiers d’avenir mais surtout, dans un premier temps, ceux en tension faute de candidats. On en recense environ 300 000 actuellement, indifféremment de la crise. Le lien entre formation et territoires doit vraiment être placé au cœur du plan de relance si l’on veut que ses résultats soient à la hauteur des objectifs.

Le plan prévoit de booster à cet effet le dispositif ProA qui, jusqu’alors, vivotait. Est-ce la bonne réponse, selon vous ?

F.M. : Il est vrai que ce dispositif a été peu utilisé jusqu’à présent, mais il a le mérite d’être exigeant en matière d’heures de formation à la disposition des individus. Le CPF de transition ou la VAE collective offrent aussi des possibilités intéressantes, mais le véritable challenge, selon moi, c’est de réussir à partir de la demande (emplois non pourvus, emplois en tension…) et de construire l’offre qui permet d’y répondre. Dans des temps très proches, on risque d’assister à une explosion de signatures d’accords d’activité partielle longue durée (APLD), d’accords de performance collective (APC), de ruptures conventionnelles collectives (RCC) ou, hélas, de plans de sauvegarde de l’emploi (PSE) dans les entreprises. Il est important que ces dispositifs comprennent des plans de reconversion si l’on veut parvenir à assurer la transition entre ces emplois « obsolètes » voués à la disparition et les emplois « d’avenir ». Chez The Adecco Group, nous avons identifié quinze métiers sur lesquels nous rencontrons des difficultés pour trouver des profils adaptés. Nous sommes en train de concevoir et de mettre en œuvre des solutions de type passerelles pour permettre à des demandeurs d’emploi de se former à ces métiers grâce à des dispositifs de VAE collective ou en mobilisant cet outil de la branche intérim qu’est le contrat à durée indéterminée intérimaire (CDII).

L’APLD semble être le dispositif choisi par l’exécutif pour limiter les destructions d’emploi. Est-ce un outil pertinent ?

F.M. : Chez LHH nous estimons que les APLD, tout comme les APC, constituent des dispositifs intéressants, mais ce ne sont pas des baguettes magiques pour autant. Dans certains secteurs, comme l’aéronautique, ils aideront sans doute les entreprises à traverser la crise ; ailleurs, là où les filières étaient en crise avant le coronavirus, les licenciements massifs sont malheureusement inévitables. L’enjeu pour les directions des ressources humaines, c’est d’entretenir des liens de confiance avec les élus syndicaux et les salariés. Il faut que la RCC ou le PSE soient véritablement l’ultime option et pas le premier choix. Le plan de relance va d’ailleurs clairement dans ce sens. Faut-il construire une relation donnant-donnant entre l’entreprise et ses collaborateurs ? Je ne suis pas sûr que ce soit une logique pertinente dans toutes les situations mais, en tout cas, il est capital de construire une relation de confiance entre tous les acteurs.

Auteur

  • Benjamin d'Alguerre