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Corinne Schievene (CFDT Safran) : "Les annonces de réduction d’effectifs au niveau européen sont précipitées"

Gestion de l'emploi | publié le : 04.06.2020 | Gilmar Sequeira Martins

Corinne Schievene, secrétaire CFDT du CEE du Groupe Safran.

Crédit photo DR

Le groupe Safran a annoncé un millier de suppressions d’emplois lors du dernier comité d’entreprise européen (CEE). Corinne Schievene, secrétaire CFDT du CEE, réclame plus d’informations et un changement d’attitude de la part de la direction.

Combien de suppressions d’emplois sont-elles prévues dans le groupe Safran ?
Corinne Schievene :
Nous avons été informés lors du dernier CEE de Safran que plus de 700 licenciements étaient programmés au Royaume-Uni ainsi que 200 à 300 suppressions de postes en Pologne, sur le site de Safran Transmission Systems. Nous savons aussi que des licenciements ont eu lieu aux États-Unis, en Thaïlande, au Mexique et au Canada. D’autres sont en cours au Maroc. Nous avons également été informés que des transferts d’activité auront lieu entre le Royaume-Uni et la France. Nous sommes consultés et informés mais nous n’avons les chiffres qu’au fur et à mesure des annonces. Nous sommes très étonnés que le groupe fasse des annonces de réduction d’effectifs alors qu’aucune information n’est disponible sur l’impact pour Safran des mesures de chômage partiel. Nous avons posé la question mais nous n’avons toujours pas eu de réponse. Ces annonces de réduction d’effectifs nous semblent précipitées.

Que réclamez-vous ?
C. S. :
Nous avons besoin d’une visibilité globale sur la situation et ses conséquences pour l’ensemble du groupe. Lors de la dernière réunion avec le directeur administratif et financier, nous n’avons pas eu communication des documents nécessaires aux échanges. C’est une non-reconnaissance de l’instance qu’est le comité européen et de ses prérogatives. Nous considérons que nous ne sommes pas traités comme des partenaires sociaux mais comme une instance à qui doivent être réglementairement transmises un certain nombre d’informations. Le groupe Safran suit le processus a minima. Nous réclamons une information-consultation globale. Traiter uniquement l’Europe ne suffit pas. Il n’existe d’ailleurs pas de comptes consolidés pour le continent européen, mais uniquement pour la France et au niveau mondial.

Les salariés du Royaume-Uni vont-ils être privés de représentants au CEE après le Brexit ?
C. S. :
La direction du groupe Safran s’en tient toujours à la même position. En cas de Brexit « dur », les représentants des salariés du Royaume-Uni ne siégeraient plus au CEE. C’est une position incroyable compte tenu de l’importance des enjeux financiers et industriels. En matière d’effectifs, le Royaume-Uni compte presque 4 500 salariés. C’est le deuxième pays pour le groupe après la France. Dès le début de la crise, les représentants britanniques et le CEE ont interpellé la direction sur la gestion désordonnée de la situation au Royaume-Uni et sur la panique engendrée auprès des salariés. Cela a permis de faire nommer un coordinateur national sur cette question. Priver les salariés du Royaume-Uni de représentants au CEE est d’autant plus incompréhensible que toutes les grandes entreprises du secteur ont annoncé qu’elles feraient l’inverse. À l’heure actuelle, au niveau européen, l’existence du dialogue social n’est plus assurée.

Propos recueillis par Gilmar Sequeira Martins

Auteur

  • Gilmar Sequeira Martins