Les entreprises veulent-elles vraiment conserver leurs alternants ? Rien n’est moins sûr. Près de six sur dix (58,5 %) préfèrent passer leur chemin une fois la période d’alternance terminée, selon les données recueillies par HeyTeam dans un rapport réalisé en partenariat avec Seekube (groupe HelloWork). Les "problèmes de management ou d'ambiance de travail" sont la première raison (30 %) invoquée par les alternants pour expliquer leur décision de partir, suivie par la "volonté de diversifier ses expériences" (27 %) ou la poursuite d’études (20 %). Des résultats sans doute logiques puisque plus de quatre alternants sur dix (41 %) placent "l’ambiance de travail" en tête de liste des critères d’évaluation les plus importants de leur expérience en entreprise.

Ces résultats sont-ils à la hauteur des efforts consentis par les pouvoirs publics ? Ils ont en effet largement favorisé ce mode d’accès à l’emploi qui a connu un essor très conséquent avec une progression de 70 % entre 2016 et 2021, année qui s’est conclue par la signature de 718 000 contrats. Selon le rapport de HeyTeam, ce succès pourrait être encore plus important si des freins manifestes étaient levés. Près de la moitié des alternants (47 %) ont en effet indiqué avoir eu du mal à obtenir un contrat, difficulté qu’ils attribuent à la lenteur administrative (42 %), mais aussi à la diversité des interlocuteurs (23 %) et, pour une part non négligeable (17 %), au manque de clarté des demandes d’informations.

Du côté des entreprises, le peu d’empressement des alternants à poursuivre leur activité dans les organisations qui les ont accueillies ne semble pas constituer une préoccupation majeure. L’analyse des entretiens menés avec les responsables de ressources humaines de grandes entreprises permet d’avoir leur vision de l’alternance. À leurs yeux, elle permet en premier lieu de "faire découvrir des métiers moins populaires ou plus techniques". L’alternance leur permet aussi de rester au contact "des nouvelles tendances et [des] aspirations du marché du travail". Compte tenu des trajectoires des alternants, n’est-il pas temps de vérifier si cet objectif est atteint ? Enfin, les responsables interrogés déplorent aussi certaines difficultés qui ralentissent l’arrivée des alternants, voire la rende impossible : sont notamment cités la disparité des règles à observer selon les métiers et secteurs, la multitude d’Opco à contacter et, enfin, la difficulté à réunir les informations nécessaires ou à identifier les bons interlocuteurs. Transformer les alternants en futurs salariés engagés serait-elle la nouvelle frontière des entreprises ?