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15 milliards sur la table pour relancer l’emploi, la formation et les compétences

Gestion de l'emploi | publié le : 03.09.2020 | Benjamin d'Alguerre

15 milliards d’euros, c’est la part des 100 milliards du plan de relance – baptisé « France Relance » et annoncé le 3 septembre – que l’exécutif entend mettre sur la table pour financer le volet « emploi-formation-compétences » de ce projet chargé de remettre la France sur les rails de la croissance et de la compétitivité à l’horizon 2022. Cette enveloppe n’a pas vocation à assurer seulement le financement de la création (ou de la sauvegarde) des 160 000 emplois annoncés par Jean Castex, mais aussi à mettre sur pied un vaste plan de lutte contre le chômage des jeunes dans un contexte économique dégradé, moderniser et numériser en profondeur l’appareil de formation français, financer le chômage partiel longue durée et assurer les transitions ainsi que les reconversions professionnelles vers les filières d’avenir (transition écologique, numérique, etc.). « Ce volet de France Relance repose sur deux approches complémentaires : d’une part la nécessité de trouver des solutions emploi pour les jeunes, les demandeurs d’emploi et les salariés touchés par la crise ; de l’autre, irriguer l’économie, nourrir de nouveaux projets et dynamiser les filières. Mais en face, il faut des salariés dotés des compétences nécessaires pour les mettre en œuvre », explique-t-on dans l’entourage d’Élisabeth Borne.

Comme tout un plan de bataille qui se respecte, ce volet de France Relance est subdivisé en plusieurs axes. Le premier d’entre eux, le « plan de relance de l’emploi des jeunes », avait déjà fait l’objet d’une présentation en juillet. Budgété à 6,7 milliards et ciblé vers les 750 000 jeunes qui entrent sur le marché de l'emploi en ce mois de septembre, il doit permettre de financer la nouvelle aide à l’embauche de 4000 euros pour toute entreprise s’engageant à signer un CDI ou a minima un CDD de trois mois pour tout jeune de moins de 26 ans entre le 1er août et le 1er janvier 2021, mais aussi déployer les primes à l’embauche d’apprentis (5000 euros pour un mineur, 8000 pour un majeur), mettre en place les 300 000 « parcours d’insertion personnalisés » promis aux jeunes et qui prendront la forme de nouveaux contrats aidés (Garantie Jeunes, PACEA, PEC, AIJ ou contrats uniques d’insertion…) principalement tournés vers le secteur associatif et débloquer 200 000 formations supplémentaires à destination des moins de 26 ans tournées vers les métiers d’avenir (transition environnementale, numérique, métiers du social et du médico-social...). 100 000 d’entre elles, prises sur le dtock du plan d’investissement dans les compétences (PIC) et à vocation diplômantes ou qualifiantes, devraient d’ailleurs être vite enregistrées sur l’application Moncompteformation et mises en avant pour éveiller l’intérêt. Afin de susciter l'appétence, outre les aides, un coup de pouce financier sera apporté à la rémunération des stagiaires de la formation professionnelle. Pour les 16-18 ans, la rémunération passera de 130 à 200 euros par mois et de 300 à 500 pour les 18-21 ans. Les plus de 21 ans, eux, pourront bénéficier d’un salaire étendu jusqu’à 710 euros.

Deuxième axe, le « bouclier anti-licenciement » consacrera 7,6 milliards à financer l’activité partielle longue durée (APLD). Depuis juin dernier, les entreprises à l’activité impliquée par la crise disposent de la possibilité de mettre en œuvre de tels accords sur le schéma « réduction du temps de travail jusqu’à retour à meilleure fortune ». Particulièrement prisé par l’industrie et l’aéronautique, ce dispositif se voit largement encouragé par le Gouvernement comme alternative au chômage. À deux conditions, toutefois : les accords APLD ne devront pas entraîner une réduction de plus de 60 % de l’activité des salariés et le temps libre dégagé doit permettre à former ceux-ci, en vue, particulièrement, d’une reconversion professionnelle. « Ne seront étendus que les accords qui répondent aux conditions prévues », prévient le ministère du Travail.

Les fonds nécessaires au financement de formation pendant les périodes de chômage partiel s’élèveront à 1 milliard d’euros prélevé sur les ressources du Fonds national de l’emploi (FNE-Formation). À date, 150 millions d’euros ont été mobilisés à ce titre au bénéfice de 150 000 salariés. À noter : tous les types de formations (présentielles, blended, e-learning) sont désormais éligibles aux ressources du FNE-Formation et plus seulement celles à distance comme c’était le cas lors du confinement.

Le troisième axe du plan de bataille prévoit un nouvel investissement dans les compétences et notamment un développement inédit de la Pro-A, ce dispositif de reconversion ou de promotion par l’alternance mis en place par la loi du 5 septembre 2018 pour remplacer la défunte période de professionnalisation. Peu usitée jusqu’à présent à cause du faible nombre d’accords négociés dans les branches et étendus par le ministère (49 accords signés, 8 étendus), cette disposition devrait connaître un nouvel essor puisque 270 millions seront débloqués pour financer de nouvelles Pro-A et que ministère du Travail et Délégation générale à l’emploi et à la formation professionnelle (DGEFP) discutent des moyens d’en simplifier le recours.

Autres mesures de formation facilitées : le CPF de transition doit se voir doté de 100 millions supplémentaires et 25 autres millions doivent être déployés sur les comptes CPF des individus pour favoriser des formations à vocation de transition professionnelle (reste à voir si cette enveloppe sera directement versée sur les comptes personnels ou transmis à la Caisse des dépôts). « L’ouverture du CPF aux abondements de Pôle emploi et des employeurs depuis quelques semaines devrait aussi faciliter la mobilisation du compte », estime le ministère.

Ces dispositifs mis en place au titre du volet « emploi-formation-compétences » seront complémentés par des mesures additionnelles financées sur d'autres enveloppes de France Relance. À commencer par l’investissement de 300 millions d’euros prévu par le ministère du Travail pour aider l’offre de formation française à passer massivement au digital et se lancer dans le blended-learning. Au début du confinement, près de 75 % des actions de formation engagées avaient dû se voir annulées faute de moyens numériques pour les assurer à distance. Le secteur avait dû s’y convertir en urgence pour garder la tête hors de l’eau pendant la crise, mais cette fois, le Gouvernement entend passer la surmultipliée pour faciliter sa transition, notamment par des aides directes aux grands comptes de la formation pour développer de nouvelles solutions hybrides digitales/présentielles, mais aussi par la mise en ligne d’une plateforme numérique destinée à permettre aux « petits » organismes de formation de pouvoir eux aussi proposer des solutions de formation à distance à leurs clients. Enfin, 250 millions supplémentaires doivent permettre à Pôle emploi de renforcer ses services en prévision d’éventuels licenciements massifs par le recrutement de 1300 nouveaux conseillers en charge de soulager leurs confrères du trop-plein de sollicitations.

Auteur

  • Benjamin d'Alguerre