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Un contrat de filière pour les professionnels de la formation en Normandie

Formation | publié le : 29.04.2021 | Benjamin d'Alguerre

La Région Normandie et les principales fédérations professionnelles de la formation ont signé, le 21 avril dernier, une convention partenariale visant à associer ces dernières au recueil et à l’agrégation des données sur les besoins en compétences. Décryptage avec Philippe Scelin, président des Acteurs de la compétence* pour la Normandie.

Comment cette convention associe-t-elle les professionnels de la formation aux démarches de développement économique de la Région ?

Philippe Scelin : Cette démarche partenariale assez inédite a pour objectif d’articuler les politiques régionales en matière de développement économique avec la capacité des acteurs de la formation professionnelle à identifier les besoins en compétences territoriaux et à y répondre par la construction d’une offre adaptée et contextualisée. La nouveauté de cette approche, c’est de ne plus considérer les différentes organisations signataires (Acteurs de la compétence, Sycfi et Urof) comme des prestataires de formation répondant à une commande publique, mais comme une filière économique à part entière, capable de contribuer et d’accompagner le développement économique de la région. Dans le cadre de cette politique de filière, l’une de nos missions sera notamment de participer à l’identification et à l’agrégation des données disponibles en matière de besoins en compétences identifiés sur les territoires. Ce travail sera aussi réalisé au sein de notre branche pour accompagner nos propres transformations (pédagogiques, digitales) avec le soutien de la Région, de notre Opco Akto et de l’État dans le cadre du plan de relance.  D’autres sujets comme l’orientation vers nos métiers font partie de cet accord, en partenariat avec l’Agence Régionale de l’Orientation (ARO). La région Normandie, par l'intermédiaire de son vice-président chargé de la formation, David Margueritte, a parfaitement intégré dans sa stratégie que le développement des compétences était un des leviers essentiels de la relance et de la transformation de notre économie et a reconnu cette dimension par cet accord de partenariat assimilé à un contrat de filière.   

Cette mission de recueil et d’agrégation des données ne relève-t-elle pas des Observatoires des métiers et des qualifications (OPMQ) des branches et des Carif-Oref ?

P. S. : Le problème de ces instances, c’est qu’elles travaillent par secteur professionnel, en silo. Les OPMQ sont par définition centrés sur les besoins de la branche au niveau national et les Carif-oref sur des objets territoriaux en fonction des besoins définis principalement par l’État et la Région. Les données nécessaires à une identification des besoins prospectifs en compétences de manière interprofessionnelle et territoriale (infra-régional), sous une forme immédiatement exploitable et compréhensible permettant aux différents acteurs de se projeter sur plusieurs années n’existent pas. Notre objectif sera d’avoir une vision interprofessionnelle et prospective grâce à ce travail d’agrégation de la Data, afin de mettre en œuvre les formations nécessaires pour le développement de compétences nouvelles. Il existe des nouveaux métiers pour lesquels les besoins existent dès aujourd’hui, alors que la conception d’une certification et d’une offre de formation nécessite deux à trois ans pour être notamment inscrite au RNCP. Il est fondamental d’anticiper ces mutations au niveau régional. France Compétences mène des travaux pour favoriser l’agrégation de cette Data avec les OPMQ.

Malgré les bonnes intentions affichées, ne craignez-vous pas que cette convention n’aboutisse par rajouter un étage de plus à un millefeuille administratif déjà conséquent ?

P. S. : Je ne le pense pas. Parce que, justement, nous ne travaillerons pas chacun de notre côté à refaire ce qui a déjà été fait, mais ensemble. C’est pour cela que la filière formation et les acteurs de la compétence normande saluent la création de la nouvelle cellule technique prospective emploi/ formation où siègeront les partenaires sociaux (à travers les Associations Transition Pro et les Opco), l’État et la Région. Cette cellule sera intégrée au Comité régional de l’emploi, de la formation et de l’orientation professionnelles (Crefop). Cette instance pourra, au besoin, solliciter les services des Carif-Oref pour réaliser des études sur les besoins en compétences ou relever les insuffisances dans les données recueillies. Enfin, la filière formation est bien placée pour servir de relai de communication auprès des actifs et des jeunes sur les nouveaux métiers en développement afin de les rendre attractifs.

* Anciennement Fédération de la formation professionnelle (FFP)

 

 

Auteur

  • Benjamin d'Alguerre