Peu utilisée du fait de sa complexité, la VAE va faire l’objet d’une expérience de simplification pilotée par le Haut-commissariat au développement des compétences. Le secteur du grand âge a été choisi pour la mener.
Alors que la question des reconversions professionnelles devient brûlante au vu des besoins en recrutement des entreprises, le Gouvernement vient de lancer plusieurs expérimentations pour faciliter les transitions professionnelles à travers le recours à la validation des acquis de l’expérience (VAE). Ce dispositif, créé par la loi de modernisation sociale du 17 janvier 2002 souffle cette année ses vingt bougies affiche pourtant des résultats décevants par rapport aux ambitions de départ de sa créatrice, Nicole Péry, alors ministre de la Formation professionnelle et du Droit des femmes du Gouvernement Jospin.
Cause de ce désintérêt des salariés et des demandeurs d’emploi pour ce mode de qualification ? "Sa complexité et sa lourdeur administrative", répond David Rivoire, dirigeant du cabinet VAE Les Deux Rives (voir "Liaisons Sociales Magazine" n°228) et membre de la commission Rivoire-Khecha-Soubien chargée par Muriel Pénicaud de proposer en 2018 des pistes de simplification du dispositif. Car même si l'expérience professionnelle nécessaire pour engager un parcours de VAE a été réduite de trois à un an par la loi Travail de 2016, le processus (constitution d’un dossier justifiant les expériences professionnelles pouvant déboucher sur un diplôme universitaire, préparation d’un grand oral devant un jury…) se révèle souvent fastidieux pour les candidats. "Entrer dans une démarche de VAE tient encore trop souvent du parcours du combattant. Nombreux acteurs, freins administratifs et des délais très longs conduisent de nombreux actifs à l’abandon", reconnaît la ministre du Travail, Élisabeth Borne.
C’est justement pour faciliter l’accès à la VAE que son ministère vient de lancer un programme expérimental, avec comme premier secteur visé celui du grand âge, fortement touché par les carences en personnel. Dans son rapport d’octobre 2019 sur l’attractivité des métiers du vieillissement, l’ancienne ministre du Travail, Myriam El Khomri avait d’ailleurs notamment recommandé à sa successeure, Muriel Pénicaud, de miser sur la validation des acquis de l’expérience pour trouver les compétences nécessaires à un secteur en tension. Pilotée par Carine Seiler, haut commissaire au développement des compétences, elle vise à "lever les freins existants, rendre son accès plus simple et plus lisible, réduire les délais et les démarches administratives, tout en préservant l’exigence et la qualité de la preuve des compétences détenues", explique le ministère du Travail.
