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« Nous avons besoin d’un grand plan de formation des formateurs » (Pierre Courbebaisse, FFP)

Organismes de formation | publié le : 11.09.2020 | Benjamin d'Alguerre

Pierre Courbebaisse.

Crédit photo DR

Pour le président de la Fédération de la formation professionnelle (FFP), les annonces du volet « formation » du plan de relance vont dans le bon sens. Mais à condition qu'un effort particulier soit effectué en direction de la formation des salariés des PME et du développement des compétences des formateurs eux-mêmes.

Dans les premiers temps du confinement, la FFP constatait une baisse de 75% d’activité pour les organismes de formation. Où en sommes-nous aujourd’hui ?

Pierre Courbebaisse : Difficile à dire. La baisse d’activité est très disparate en fonction des segments (formation des demandeurs d’emploi, apprentissage, formations linguistiques, formations des salariés…). Nous estimons qu’à l’heure actuelle, la baisse d’activité tourne autour de 30%. Sans surprise, le marché qui a le mieux traversé la crise est celui de la formation distantielle.

Le volet formation-emploi-compétences du plan de relance a été budgété à hauteur de 15 milliards d’euros et certains dispositifs (Pro-A, accès au FNE-Formation, CPF de transition) seront dotés de nouvelles aides financières. Une bonne nouvelle ?

P. C. : Globalement, nous nous félicitons de la tonalité de ce plan de relance qui a fait de la question du développement des compétences un sujet essentiel. Mais nous y apportons quelques bémols. En premier lieu, nous constatons que rien n’a vraiment été fait pour faciliter l’accès à la formation des salariés des PME de 50 à 300 salariés. Ces entreprises et leurs collaborateurs avaient été les grands oubliés de la précédente réforme et on aurait pu espérer que cette erreur soit corrigée. N’oublions pas que ces entreprises sont souvent situées géographiquement au cœur des territoires, et si rien n’est fait pour leur permettre de développer leurs compétences et leurs savoir-faire, elles ne seront pas en situation d’accomplir leur transformation numérique, technologique et environnementale afin de répondre aux enjeux de la réindustrialisation. Il est nécessaire de sanctuariser une enveloppe financière en direction de ces entreprises et qu’importe que cette enveloppe passe par Pro-A ou le FNE-Formation. Mais si je reviens sur ce dernier dispositif, il aurait été plus judicieux de le rendre accessible prioritairement aux PME et pas seulement aux entreprises mettant en œuvre des accords d’activité partielle longue durée qui sont souvent des grands groupes.

Le plan prévoit aussi d’affecter 300 millions aux organismes eux-mêmes pour leur permettre de digitaliser leur offre de formation. Est-ce une prise de conscience des besoins de la filière ?

P.C : Oui, et là encore, on ne peut que s’en réjouir. Néanmoins il faut être vigilant aux solutions apportées. Le premier levier à actionner, c’est de libérer les capacités d’innovation et d’investissement des entreprises de la filière. Notamment en réduisant les délais de paiements des entreprises de formation et en adaptant les modalités de facturation au distanciel. Il est essentiel également de s’appuyer sur les initiatives des acteurs du secteur. La FFP porte ainsi, dans le cadre d’un projet d'investissement d'avenir (PIA), de nombreuses actions de transformation digitale du secteur depuis trois ans. Il faut aussi, par exemple, permettre aux entreprises de pouvoir proposer des solutions ciblées et différenciées aux différents publics pour mieux coller à la demande. Enfin, il est nécessaire que les compétences de nos collaborateurs puissent être à la hauteur des enjeux et, pour cela, nous avons besoin d’un grand plan de formation des formateurs.

Auteur

  • Benjamin d'Alguerre