Le Forum des acteurs de la formation digitale (FFFOD) a réalisé une enquête sur les pratiques de formation à distance durant l’intermède entre les deux confinements, et en a tiré un livre blanc. Si le bilan des usages reste mitigé, l'étude fait ressortir une prise de conscience accélérée par la crise du nécessaire développement du « blended-learning ». Explications avec Aurélia Bollé, déléguée générale du FFFOD.
Quels sont les grands enseignements de cette enquête ?
Aurélia Bollé : Le bilan est mitigé. La formation digitale a fortement progressé en 2020 dans les usages et les pratiques du fait de la crise sanitaire, mais des approfondissements seront nécessaires pour juger du niveau qualitatif des formations proposées. Les organismes de formation ont été très réactifs dès le premier confinement pour développer une offre en ligne, afin de répondre à la demande de continuité des plans de développement des compétences de leurs clients, mais on reste dans le tâtonnement et l’expérimentation, sans réel développement de dispositifs multimodaux associés à des formules d’accompagnement à distance. Aujourd’hui, lors de ce deuxième confinement, Aujourd’hui, lors de ce deuxième confinement, la situation est différente car certains centres de formation sont restés ouverts. Il est donc plus facile de déployer des dispositifs de « blended-learning ». Toutefois l’hybridation des catalogues de formation nécessite d’importants investissements en temps et en argent, mais aussi de repenser une offre pédagogique et des modalités d’accompagnement des stagiaires. Le chemin est encore long pour voir ces parcours de formation multimodaux devenir la norme.
Comment les organismes de formation se sont-ils adaptés ?
A.B : Lors du premier confinement, les prestataires n’avaient pas le choix du passage au distantiel puisque tous les centres étaient fermés administrativement. Selon notre baromètre, 79,4% d’entre eux ont développé des formules d’enseignement à distance à ce moment-là. Et 75% ont mis sur place une offre « blended ». Mais attention à ne pas surinterpréter : la plupart des 450 répondants à notre enquête connaissaient déjà le numérique et disposaient d’une expérience en la matière. C’est pour ça que le chiffre de 20,6% d’organismes à n’avoir rien fait est préoccupant. Généralement, il s’agissait de petites structures habituées à travailler avec des publics plus à l’aise en présentiel (chômeurs éloignés de l’emploi, personnes en insertion, etc.) qu’en distantiel. Ceci étant, il existe une prise de conscience de la nécessité de développer le multimodal en formation. 82,6% des organismes interrogés en sont conscients. Bien sûr, il existe toujours des enseignements impossibles à réaliser à distance pour le moment (gestes professionnels nécessitant des plateaux techniques, sécurité, etc.). Peut-être un jour les innovations liées à la réalité virtuelle pourront-elles y palier, mais pour l’instant nous n’y sommes pas.
Quel a été le comportement des entreprises vis-à-vis de leurs achats de formation pendant les confinements ?
A.B : Il y a incontestablement eu un « effet-FNE », même si sans doute moindre qu’attendu par le Gouvernement puisque sur les 800 millions d’euros débloqués, seuls 330 ont été réellement engagés, même si l’opération ne concernait alors que des salariés placés en activité partielle. Pourtant, en dépit de cette restriction, le dispositif s’est révélé très incitatif pour les entreprises. Cet investissement public a concouru à maintenir la demande de formation. Ce qui nous a surpris lors de l’enquête, c’est de constater à quel point il avait été bien accueilli par les salariés qui ont apprécié la souplesse qu’il leur offrait. A savoir des temps de formation courts sur des plages horaires choisies qui s’adaptent aux contraintes de la vie en entreprise.