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Après la tourmente, comment Demos se réinvente

Organismes de formation | publié le : 16.12.2023 | Benjamin d'Alguerre

Après la tourmente, comment Demos se réinvente

Après la tourmente, comment Demos se réinvente.

Crédit photo Drazen/Adobe stock

Après plusieurs années de turbulences économiques, Demos a choisi de se transformer pour se relancer. L’organisme de formation franco-chinois a revu son catalogue, ripoliné son offre commerciale et vise davantage le marché des PME et des ETI.

Nouveau logo, site Internet plus fonctionnel, catalogue de formation épuré et recentré sur les besoins des entreprises, nouveau business-model, organisation commerciale revisitée, nouveaux outils de pilotage… la grande opération de transformation de Demos, menée à marche forcée tout au long de l’année 2023, semble porter ses fruits. Jadis bien placé sur le podium des organismes de formation français – malgré son passage sous pavillon chinois en 2016 après son rachat par le géant de l’éducation Weidong Cloud – Demos, qui a fêté son demi-siècle l’an dernier, semble avoir retrouvé des couleurs après plusieurs années de marasme.

Aujourd’hui, la nouvelle équipe dirigeante, menée par Rémi Blet, nommé CEO en juin dernier, n’est pas tendre envers l’ancienne, dont les mauvaises décisions stratégiques ont conduit l’entreprise au bord du gouffre ces dernières années. « Un système de cour avait fini par s’installer avec un management très coûteux qui privilégiait certains intérêts propres au détriment de celui de l’entreprise », grince aujourd’hui Gaël Salomon, directeur de la transformation du groupe. Conséquence : Demos avait fini par se scléroser, s’arc-boutant sur le marché des grands comptes et continuant à proposer à ses clients un catalogue de formations poussiéreux. Incapable de se repenser en temps et en heure, l’organisme a vu son chiffre d’affaires divisé par deux, sa dette dépasser les dix millions d’euros… et les factures impayées des sous-traitants s’accumuler !

Contenu « sur-mesure » et activité de conseil

Dans ces conditions, le chantier de la transformation a pris des airs d’opération de sauvetage. Avec comme priorités le remboursement de la dette – divisée par quatre fin 2023 – la réaffectation des équipes de back-office vers des fonctions commerciales et la refonte du catalogue de formation de l’organisme. Sérieusement épuré et remis à jour, ce dernier est passé de 1 200 formations recensées à seulement 800, plus en phase avec les besoins des entreprises et mêlant contenus « développement métiers » (hard skills) et acquisition des compétences transverses (soft skills). Aux côtés de ce catalogue de « prêt-à-former » rénové, Demos a développé une activité de conseil en formation à destination des entreprises. Objectif : offrir aux clients du groupe une offre « sur-mesure » adaptée à leurs besoins immédiats. Soit une petite révolution culturelle pour un prestataire qui a longtemps privilégié la formation sur étagère tout prête au « fait maison ». Illustration de cette nouvelle politique : Demos devrait, en 2024, multiplier la création de contenus RH « experts » pour les secteurs de la banque, de l’assurance ou du médico-social.

Pour autant, la croissance de l’entreprise passe aussi par le développement de son portefeuille de clients ETI et PME. En dépit de la sérieuse révision à la baisse des budgets formation des entreprises depuis la réforme de 2018, qui a réservé les fonds mutualisés des Opco aux seules structures de moins de 50 salariés, les besoins en formation sont toujours là, assure Gaël Salomon : « La réforme n’a pas fait changer le marché radicalement. Les entreprises ont toujours besoin de former. Sauf que la demande est aujourd’hui plus fractionnée. Elle s’oriente vers des contenus plus courts et “à la carte”. » Autre changement de braquet : les entreprises réclament à nouveau du présentiel pour compenser le vide social laissé par les deux années de pandémie et les séries de confinement. PME et ETI présentent d’ailleurs un avantage économique certain pour les prestataires de formation : contrairement aux grands comptes, elles ont tendance à beaucoup moins négocier les tarifs à la baisse et à ne pas laisser traîner les factures…

Auteur

  • Benjamin d'Alguerre