Suite à l’annonce des mauvais résultats attendus par l’Afpa en 2023 par sa directrice générale, le syndicat CFE-CGC sollicite une mission d’enquête parlementaire sur la situation de l’opérateur et porte auprès des députés une série d’amendements dans le cadre de l’examen du PLF 2024.
C’est un exercice de communication inédit à l’Agence pour la formation professionnelle des adultes (Afpa). Le 26 septembre dernier, les quelque 5 500 salariés de l’Agence ont eu la surprise de découvrir dans leur boîte mail un message vidéo de presque six minutes envoyé par leur direction générale. À l’écran, Pascale d’Artois, directrice générale de l’établissement public, accompagnée de deux de ses directeurs généraux délégués – Guillaume Rauffet, en charge du pilotage économique, et Thomas Delourmel, responsable de l’animation du réseau – imposent une douche froide aux salariés. « Nous allons avoir de mauvais résultats en 2023 », annonce la directrice générale dès la première minute de la vidéo.
« Mauvais résultats »
« Mauvais résultats » : l’expression sera utilisée à cinq reprises durant les cinq minutes et cinquante-six secondes que dure l’enregistrement. Une déception pour l’établissement qui, en 2021, caressait l’espoir de redresser sérieusement la barre après une douzaine d’années de turbulences, s’étant traduites, pour les salariés, par un gel des salaires généralisé et la mise en chantier d’un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) massif portant sur presque un sixième de la masse salariale à partir de 2019. Finalement annulé par le Conseil d’État en mars 2023, ce PSE aura cependant coûté près de 150 millions d’euros à l’opérateur et vu le départ de plus de 1 200 salariés.
In fine, tout cela n’aura pas servi à grand-chose : l’éclaircie attende ne s’est jamais produite. En sont tenues responsables la bonne santé du marché de l’emploi, qui a réduit le flux de chômeurs à former de 27 %, et la crise énergétique, qui a triplé les factures de gaz et d’électricité, passant le total à débourser à 60 millions d’euros sur l’année, pas loin d’un dixième du chiffre d’affaires. Et si, selon la directrice générale, l’Afpa conserve la confiance de ses deux ministères de tutelle (Économie et Travail), pas un mot sur les NAO 2023 pas encore ouvertes, ni sur la place que pourrait occuper l’Afpa dans le périmètre de France Travail ou sur le futur rapport annuel de la Cour des comptes sur la situation économique de l’opérateur qui doit sortir dans les semaines à venir…
Mission d’enquête et amendements
Chez les syndicats, les annonces inquiètent. Et la communication choisie par la direction générale interroge. « C’est la première fois depuis bientôt sept ans qu’elle dirige l’Afpa que Pascale d’Artois s’adresse directement à l’ensemble des salariés. Et elle le fait pour annoncer que les résultats sont mauvais, ça n’a rien de rassurant », observe André Thomas, président de la CFE-CGC Afpa, le premier syndicat de l’opérateur. Dans ces conditions, l’organisation a choisi d’adresser à la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale une demande de mise en place d’une commission d’enquête parlementaire sur la situation de l’Agence.
L’an passé, la CFE-CGC avait déjà sollicité les députés de la commission, ce qui s’était traduit par le dépôt de trois amendements au PLF 2023. Évacués par l’usage du 49.3, ils pourraient bien faire leur réapparition lors de l’examen du PLF 2024, portés par le député Liot Guy Bricout. Et ils porteraient sur trois thématiques toujours d’actualité : l’annulation de la dette domaniale de l’Afpa (estimée à 179 millions d’euros) creusée par des bâtiments vieillis et hors des normes énergétiques, la conversion des quelque 600 CDD affectés aux missions nationales de service public de l’Agence (promotion 16-18, prépa compétences…) en CDI ou de nouvelles missions à leur affecter, comme l’accompagnement des seniors salariés de TPE-PME et la préparation à l’emploi des jeunes décrocheurs.