À quelques mois de la fin du quinquennat Macron, le deuxième rapport du comité scientifique d’évaluation du Plan d’investissement dans les compétences (PIC) dresse un bilan plutôt mitigé de ce dispositif imaginé pour former un million de jeunes et un million de chômeurs éloignés de l’emploi sur cinq ans.
Tout avait pourtant bien commencé. Dès 2019, on comptait ainsi 950 000 entrées en formation. Soit 200 000 de plus qu’en 2017. L’embellie n’allait cependant pas durer puisque l’année suivante, les effets conjugués de la crise sanitaire et de la concurrence du CPF autonome – désormais accessible directement via l’application Mon Compte Formation – faisaient chuter ces bons chiffres. 701 000 entrées en formation seulement en 2020, soit un différentiel de presque 250 000 par rapport à l’année de croissance précédente. "Lors du premier confinement, seulement 32 % des actions de formation engagées ont été maintenues. Elles étaient remontées à 79 % lors du second, mais tout cela explique la baisse constatée", explique Marc Gurgand, directeur de recherches au CNRS et président du comité scientifique d’évaluation du PIC.
Déceptions supplémentaires, les travaux d’observation du comité ont constaté que si les individus les moins diplômés accèdent désormais davantage à la formation qu’auparavant, cela ne produit aucun effet de rattrapage par rapport aux plus diplômés. Par ailleurs, les premiers continuent à moins accéder à la formation qualifiante que les seconds. Quant à l’accès à l’emploi post-formation, il reste difficile à mesurer étant donné le caractère particulier de l’année 2020 qui a vu, jusqu’en septembre 2021, les intentions de recrutement chuter fortement.
Pour autant, difficile de nier les effets bénéfiques du PIC. Globalement, le dispositif a touché sa cible, à savoir les plus éloignés de l’emploi et les jeunes. Il a aussi permis aux Régions de se mettre en ordre de marche afin de faire évoluer leurs pratiques en termes d’achats de formation de manière à davantage les mettre en adéquation avec les besoins des entreprises locales. À ce titre, le comité constate un important différentiel d’entrées en formation entre les collectivités où un pacte d’investissement dans les compétences a été signé entre la Région et l’État (320 000 entrées en formation financées sur les fonds régionaux en 2020) et celles – AURA et PACA - où, faute d’accord des élus régionaux, c’est Pôle Emploi qui a dû prendre la relève (10 000 en 2020).
L’effet vertueux du PIC se mesure également à la légère hausse des probabilités d’accéder à la formation dès l’année d’entrée au chômage (de 8 à 11 %), l’augmentation du nombre de personnes accédant à plusieurs formations chaque année (de 10 à 13 % entre 2017-2019) et un recul de 10 % du nombre d’abandon en cours de cursus. Par ailleurs, certains dispositifs nés du PIC, comme la prépa apprentissage ou la prépa compétences (associant Pôle Emploi et l’Afpa) ont montré leur résilience pendant la crise, le premier en faisant plus que doubler ses effectifs pendant la séquence Covid (de 7000 à 18 000 bénéficiaires entre 2019 et 2020), le second en montrant sa résilience malgré la pandémie (passant de 30 000 bénéficiaires à "seulement" 23 000 sur la même durée).
À ce stade, toutefois, peu de chiffres en dur sont disponibles sur d’éventuels effets du PIC sur le retour à l’emploi. "Le différentiel entre le retour à l’emploi après formation et le retour à l’emploi sans était d’environ sept points avant le PIC, il demeure à ce niveau", confesse Marc Gurgand. Pas de changement notable, donc, sauf à imaginer que le PIC ayant financé davantage de formations, ce sont mathématiquement davantage d’individus qui en ont bénéficié…