107.266 formations au permis de conduire ont été achetées grâce à l’application Moncompteformation. C’est de loin le premier pôle de dépenses par les usagers mobilisant leur compte personnel de formation (CPF). Mais une récente décision bloque les financements de plusieurs catégories de permis, suscitant une réaction de Bruno Garancher, président de l’association ECF, premier réseau d'auto-écoles (1.180 agences).
Avez-vous constaté un « effet CPF » ?
Bruno Garancher : Le CPF concerne les gens disposant d’un passé professionnel. Ce n’est pas forcément la clientèle naturelle d’une auto-école qui accueille plutôt des jeunes de 17 à 18 ans, particulièrement dans les zones rurales et les petites villes. En revanche, nous constatons bien un « effet CPF » sur les publics plus âgés ou résidant dans les grandes métropoles où la possession du permis de conduire s’impose beaucoup plus qu’à la campagne ou en zone périphérique. La crise sanitaire interroge beaucoup de monde sur son rapport aux transports, surtout collectifs. Et cette prise de conscience, associée à la prise en charge financière des coûts de passage du code et du permis, a créé une appétence pour le passage du permis. Mais le plus souvent, ce sont nos chargés de formation qui informent les clients de leurs droits au CPF. Tout comme ils ont pris l’habitude de procéder aux montages financiers pour les apprentis qui souhaitent s’inscrire au permis et disposent désormais d’une aide de 500 ou 800 euros.
Quel impact va avoir le durcissement des règles de la prise en charge financière ?
B. G : Depuis le 1er novembre 2020 ne sont prises en charge financièrement au titre du CPF que les formations comprenant les enseignements théoriques (c'est-à-dire le code) et pratiques (le passage du permis). Cette décision n’est pas sans poser problème, en premier lieu, aux clients qui choisissent de se former à l’examen du code par leurs propres moyens ou avec des tutoriels disponibles sur Internet. Mais aussi pour certains publics en reconversion professionnelle dans le secteur des transports et visant le permis poids lourds, en particulier le permis B78 (pour les véhicules à boîtes automatiques) qui concerne nombre de personnes en situation de handicap.
Pourquoi la DGEFP a-t-elle pris cette décision ?
B. G : Par méconnaissance de nos situations, je pense. Nous disposons d’un répit puisque les auto-écoles sont fermées durant ce second confinement, mais il faudrait que la situation soit rétablie avant le 1er janvier 2021.