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Formation : un quinquennat pour devenir champion européen

Formation | publié le : 10.02.2022 | Gilmar Sequeira Martins

Pierre Courbebaisse, président des Acteurs de la compétence.

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Les Acteurs de la compétence ambitionnent de faire passer de 13 % à 20 % la part des salariés engagés dans un parcours de formation professionnelle et de multiplier le nombre d'apprentis par deux durant le prochain quinquennat.

La formation grande cause nationale du prochain quinquennat ? Les dirigeants des Acteurs de la compétence, l'ex-Fédération de la formation professionnelle (FFP) ne l’ont pas explicitement avancé lors de la présentation de leurs propositions aux candidats à l’élection présidentielle, mais tout porte à le croire. Avec 1 300 entreprises qui dégagent un chiffre d’affaires annuel de 3 milliards d’euros et forment 6 millions de salariés, cette structure compte bien peser sur le futur. D’abord avec le bilan qu’elle dresse de la loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel, votée en 2018. "Elle a permis des avancées majeures", reconnaît Claire Pascale, directrice générale de Comundi et vice-présidente de la fédération, qui cite à l’appui de ses propos la progression du nombre d’apprentis, passés de 320 000 en 2018 à 718 000 en 2021, soit une progression de 124 %. Un satisfecit qui n’empêche pas de déplorer que "la formation en entreprise reste un angle mort" et que "le CPF a été déployé comme un pur outil individuel, en opposition à la logique de co-investissement". Autre regret: l’instabilité du FNE-Formation, ce fonds mobilisé dès 2020 pour financer les actions de formation des salariés en activité partielle, dont le fonctionnement, modifié à plusieurs reprises, a nui ou à son déploiement ou la complexité du dispositif Transitions Collectives (TransCo). "Ce manque de lisibilité du système entrave la capacité collective d’évaluation", estime pour sa part Pierre Courbebaisse, président des Acteurs de la compétence.

Champion européen

Pour redresser la barre et relever les défis de la relance économique, les Acteurs de la compétence proposent une grande ambition pour le prochain quinquennat : faire de la France le champion européen de la formation en portant de 13 % à 20 % la part des salariés engagés dans un parcours de formation professionnelle et en faisant passer de 700 000 à 1,3 million le nombre d’apprentis, soit le niveau actuel de l’Allemagne. Comment faire ? D’abord en accordant aux PME de moins de 250 salariés un crédit d’impôt de 30 % sur toutes les dépenses de formation engagées dans le cadre du Plan de développement des compétences. De quoi former 1,2 million de salariés supplémentaires chaque année. Les dépenses publiques nécessaires, soit 900 millions d’euros, seraient compensées par une augmentation du taux de formation des actifs, qui passerait de 36 % à 40 % et entraînerait une croissance supplémentaire du PIB de 1,3 %, soit 28 milliards d’euros. La FFB propose aussi de favoriser la co-construction des formations entre salarié et entreprise à travers un mécanisme simplifié et de l’élargir aux formations non certifiantes à travers une expérimentation.

Accélérer le rythme des entrées en formation

Pour sécuriser le financement de l’apprentissage, l'ex-FFP souhaite élargir l’assiette de contribution en y incluant l’État et les régions, au motif que l'alternance peut désormais être considérée comme faisant partie de la formation initiale. Et maintenir les aides exceptionnelles à l’embauche jusqu’au 31 décembre 2022. La fédération juge également nécessaire de développer la formation des demandeurs d’emploi. Elle constate qu’en 2020, sur les 3,25 millions de demandeurs d’emploi indemnisés par Pôle emploi, 946 000 seulement ont suivi une formation et à peine moins de 50 000 dans le cadre d’une Préparation opérationnelle à l’emploi (POE). D’où la proposition tendant à privilégier des mécanismes rapides d’entrée en formation, les plus à même de favoriser "un lien direct avec l’emploi". L'ancienne FFP préconise donc de renforcer les recours aux POE dès le préavis ; d’accorder aux collectivités publiques la possibilité d’abonder le CPF afin de mieux répondre aux besoins en compétences identifiés au niveau national et territorial ; enfin, d’utiliser MonCompteFormation pour informer les demandeurs d’emploi sur l’ensemble des formations dites "conventionnées", c’est-à-dire déjà achetées par Pôle emploi et les conseils régionaux dans le cadre de la commande publique.

 

Auteur

  • Gilmar Sequeira Martins