Comment la crise sanitaire a-t-elle impacté le travail et les trajectoires professionnelles? Comment les actifs construisent-ils leur parcours professionnel? De grandes questions auxquelles tente de répondre la 5e édition de l’Observatoire des trajectoires professionnelles élaboré par le cabinet LHH. Premier constat: le monde du travail devient plus hétérogène et « plus morcelé » avec, d’un côté, des salariés dont la situation s’est dégradée du fait de la crise sanitaire, et de l'autre, des salariés qui ont constaté une amélioration, sans oublier ceux – ils forment un tiers des actifs – qui n’ont observé aucun changement notable depuis la fin des confinements. L’étude évoque un « phénomène de fragmentation du monde du travail » qui aura pour conséquence de « complexifier » la compréhension et l’accompagnement aussi bien des individus que des collectifs de travail.
Autre enseignement majeur: le « manque de prise de conscience » de l’impact des grandes transformations structurelles. L’étude souligne que la révolution digitale et la transition écologiques semblent « souvent ignorées » par les actifs. S’agissant de la transition écologique, à peine 1 sur 5 estime qu’elle aura une répercussion sur son activité professionnelle dans les années à venir. Ils sont un peu plus nombreux (25%) à concéder que la digitalisation « impactera profondément » leur emploi. Pour les auteurs de l’étude, une prise de conscience aussi « limitée » ne peut que réduire la qualité de la réflexion nécessaire à la construction des parcours professionnels et favorise les réflexions à court terme.
Constatant ce faible intérêt et le volume conséquent des transitions professionnelles – un actif sur trois en a vécu une durant l’année écoulée –, les auteurs de l’étude soulignent qu’il est « impératif » de questionner et d’améliorer leur accompagnement. Se trouvent en effet en jeu la sécurisation et la pérennisation des parcours professionnels. Ils déplorent qu’une partie « encore non négligeable » des transitions peut être rangée dans la catégorie des « mouvements tactiques », consécutifs à des événements. Il ne s’agit donc pas de « mouvements stratégiques réalisés en pleine conscience des enjeux de transformation à venir ». Il reste encore du chemin à parcourir: près de 85% des actifs affirment ne pas savoir exactement ce qu’est le Conseil en évolution professionnelle (CEP). Les auteurs de l’étude appellent donc les acteurs des dispositifs d’accompagnement à gagner en notoriété et en réputation pour rencontrer leur public et multiplier les transitions professionnelles porteuses d’avenir.