logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

"En finir avec les fraudes au CPF en quatre mois"

Formation | publié le : 14.02.2022 | Benjamin d'Alguerre

CPF

Un collectif de lutte contre les fraudes au CPF vient de voir le jour. Son objectif : regrouper les organismes certificateurs afin que ceux-ci déréférencent ou refusent de référencer les prestataires de formation aux pratiques commerciales douteuses sur l’appli Mon Compte Formation.

Haro sur les démarchages téléphoniques et SMS abusifs et autres fraudes au CPF ! Si le sujet de ces nuisances commerciales est devenu brûlant au point de pousser la députée girondine Catherine Fabre (LREM) à déposer la semaine dernière une proposition de loi auprès du bureau de l’Assemblée nationale visant à interdire ces pratiques, le risque existe de ne voir le texte examiné par les parlementaires qu’au mois de juin prochain et donc potentiellement éclipsé par le calendrier électoral.

"L'écosystème peut s'écrouler à cause des arnaques"

Pourtant, il y a urgence à agir contre ces pratiques, affirment Arnaud Portanelli et Guillaume Le Dieu de Ville, cofondateurs et dirigeants de Lingueo, un organisme de formation spécialisé dans l’apprentissage des langues. "L’écosystème de la formation risque de s’écrouler à cause des arnaques. En tant que prestataires, on voit bien que la confiance des clients commence à se perdre. Il faut se débarrasser de ces pratiques", avertissent-ils. Et de manière plus efficace que par l’édition de chartes de bonnes pratiques qui "ne fonctionnent pas", selon eux et n’empêchent pas certains organismes à recourir aux services de plateformes d’appels ou d’envoi de SMS groupés, ni à ces plateformes de s’échanger ou de se revendre les listings des prospects entre elles afin de pouvoir, à leur tour, démarcher d’autres organismes de formation pour leur proposer leurs services…

L’objet du collectif lancé aujourd’hui par les patrons de Lingueo (entreprise elle-même certificatrice sur le certificat linguistique Lilate), c’est de briser cette dynamique commerciale pénible en mobilisant les organismes certificateurs, ces intermédiaires qui enregistrent les certifications au Répertoire national de la certification professionnelle (RNCP) ou au Répertoire spécifique (RS) de France Compétences afin que celles-ci puissent figurer sur le site et l’appli Mon Compte Formation. L’idée : faire de ceux-ci les gendarmes des bonnes pratiques en déréférençant ou en empêchant le référencement des organismes qui recourent à des pratiques douteuses comme le démarchage intempestif ou les publicités mensongères (à l’image de celles qui affirment la gratuité de leurs formations prises en charge au titre du CPF, par exemple). "Il existe une chaîne de valeur de la formation et les certificateurs en sont un maillon stratégique", avance Guillaume Le Dieu de Ville.

Émulation

L’idée trottait dans la tête de ses initiateurs dès le 1er janvier dernier, date à laquelle France Compétences a resserré la vis sur les certificats reconnus légitimes à intégrer Mon Compte Formation, les faisant passer de 4 000 à un millier. Et elle pourrait être simple à mettre en place : "Les fraudes ne portent que sur une petite quantité de certifications, en linguistique ou en bureautique pour l’essentiel. Or, il n’existe que vingt-deux certificateurs actifs sur ces catégories : le ciblage est facilité", explique Arnaud Portanelli. Parmi ces vingt-deux acteurs, la majorité ont déjà répondu positivement à l’appel des dirigeants de Lingueo. "La démarche collective est importante, elle permet de créer une émulation entre les acteurs, ceux-ci observant les pratiques des autres et pouvant les interpeller. De plus, c’est aussi un message envoyé aux organismes tentés par les pratiques douteuses. Si tout le monde s’y met, en quatre mois, on peut en finir avec ces arnaques et ces démarchages abusifs", poursuit-il. Pour l’instant, l’initiative de Lingueo est accueillie favorablement par certains acteurs du CPF comme la Caisse des dépôts et consignation, gestionnaire du compte. Quant aux deux fondateurs de l’organisme, ils ont prévu de rencontrer Catherine Fabre pour l’associer à la démarche.

Auteur

  • Benjamin d'Alguerre