logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

CPF monétisé : l'accès à la formation a augmenté en 2019 et 2020, mais pas de façon équitable

Formation | publié le : 17.02.2022 | Benjamin d'Alguerre

CPF Compte personnel de formation

Si la mise en place du CPF monétisé et désintermédié en 2019 a constitué une petite révolution dans le monde de la formation permettant à davantage de personnes d’y accéder (passant de 1,36 % des individus ayant acquis des droits en tant que salariés en 2019 à 2,08 % en 2020), force est de constater qu’il n’a pas profité équitablement à tous, comme le révèle une étude réalisée par la Caisse des dépôts et consignations (CDC) et dont les résultats ont été dévoilés le 17 février. Sur le plan général, les chiffres d’appropriation du CPF par les salariés ont été bons dès 2019 avec une croissance de + 53 % d’accès à la formation (soit 170 000 personnes supplémentaires). Mais à y regarder de près, cette augmentation a surtout profité aux salariés en CDI (+ 46 %) et en CDD (+1 41 %) au détriment des intérimaires (- 7 %). Surtout, la progression de l’accès à la formation chez les salariés en CDD ne doit pas faire oublier que le rééquilibrage de l’accès à la formation n’a pas eu lieu entre les diverses catégories. "Le taux d’usage du CPF par les salariés en CDI est toujours 3,7 fois supérieur à leurs homologues en CDD et 3,5 fois par rapport aux intérimaires !", constate Gabin Langevin, statisticien et économiste au sein de la CDC. Idem concernant le niveau de rémunération. Les salariés au Smic ont beau avoir pu accéder davantage à la formation au travers du CPF monétisé que ceux rémunérés au-delà, le taux d’usage du CPF des seconds demeurait 1,5 fois plus élevé que celui des premiers en 2019.

Autre critère de recours ou non au CPF : l’alimentation des droits. Si certaines catégories de personnes étaient éligibles à des abondements supplémentaires durant la période (soit par Pôle Emploi, les Régions ou même leurs employeurs dans le cadre de parcours co-construits), ce sont bien les droits accumulés sur le compte personnel des individus (ex-crédit Dif associé aux versements annuels) qui constituent désormais l’essentiel des droits mobilisables. Conséquence : "Le niveau [des fonds CPF] en début d’année détermine en partie la décision de se former au cours de celle-ci. On constate ainsi que le taux de recours n’excède pas 0,2 % pour les salariés dont le solde de droit est inférieur à 250 euros en début d’année 2020, et progresse régulièrement avec le niveau du solde pour se stabiliser à 2,90 % pour ceux dont les soldes sont supérieurs à 1 500 euros", note la Caisse des dépôts. Selon les chiffres de l’étude, c’est surtout en fin d’année – principalement septembre et octobre – que les individus mobilisent leur CPF après un très fort ralentissement en août.

Sans surprise, "le recours à la formation professionnelle via le CPF a visiblement souffert de la première période de confinement début 2020 : après une forte hausse en glissement annuel en janvier et février, les inscriptions chutent de 30 % en mars 2020 par rapport à mars 2019, de 44 % en avril et de 34 % en mai. Elles rebondissent néanmoins dès juin et sont, en moyenne, deux fois plus élevées que leur niveau le même mois de l’année précédente à partir d’août", note la CDC. Problème : la reprise, à partir du déconfinement de mai 2020, a beaucoup moins profité aux salariés précaires qu’aux autres.

L’inégalité d’accès à la formation touche aussi aux formations choisies. En moyenne, les salariés en CDD et les intérimaires optent pour des formations moins coûteuses que leurs homologues en CDI (bien que la désintermédiation ait eu pour conséquence une baisse globale des tarifs). En 2020, le coût moyen de la formation était ainsi de 940 euros pour les CDD et de 870 euros pour les intérimaires. À comparer aux 1 440 euros investis par ceux en CDI… Par ailleurs, sont aussi les titulaires de contrats à durée déterminée ou d’intérim qui sont les plus nombreux à choisir de passer le permis B grâce à leur CPF. Un précaire sur cinq mobilise ainsi son compte à cet effet. Une tendance que la CDC explique par la jeunesse de ces derniers, plus souvent primo-arrivants sur le marché de l’emploi que ceux en CDI, plus âgés et donc souvent déjà en possession du permis.

Auteur

  • Benjamin d'Alguerre