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Céline Courtois : "Transformer les entreprises d’inclusion en CFA pour former 30 000 personnes par an"

Formation | publié le : 24.03.2022 | Benjamin d'Alguerre

À l’occasion du Printemps de l’inclusion qui se tient le vendredi 25 mars 2022, la Fédération des entreprises d’inclusion entend proposer aux candidats à la présidentielle son projet de développement de "l’apprentissage ouvrier" qui pourrait concerner 30 000 personnes chaque année. Rencontre avec Céline Courtois, vice-présidente de la Fédération.

Quelles sont les problématiques financières que rencontrent les entreprises d’inclusion ?

Céline Courtois : Les entreprises d’insertion ont vocation à accompagner le retour à l’emploi des personnes en situation de très grande fragilité. En 2021, les entreprises de notre réseau (ainsi que les entreprises de travail temporaire d’insertion) en ont accueilli 117 000 environ. Notre particularité, toutefois, c’est qu’avant de songer au retour à l’emploi, il est nécessaire d’accompagner ces publics dans un parcours de réinsertion sociale car toutes ont connu des vies fracturées et souffrent souvent encore de problèmes sociaux, qu’ils soient liés à la précarité, à l’absence de logement, aux addictions, etc. La remise au travail ne vient qu’après avoir réglé un certain nombre de ces problèmes. Une autre caractéristique des personnes accueillies est leur faible niveau de qualification. 80 % ne disposent même pas d’un équivalent CAP. C’est pourquoi les entreprises d’insertion ont aussi une mission de formation. Mais nous nous heurtons à un problème épineux : la réforme de la formation de 2018 a privé la plupart de nos entreprises de leurs ressources financières puisque beaucoup n’ont plus accès aux fonds mutualisés (beaucoup dépassent les 50 salariés) et n’ont pas de moyens propres suffisants pour dédier un budget spécifique au plan de développement des compétences. La principale ressource dont elles disposent aujourd’hui provient d’une enveloppe de 80 millions d’euros débloquée au titre du "PIC-IAE" prise en charge dans le cadre du plan d’investissement dans les compétences. C’est cependant trop peu pour couvrir nos besoins puisque, rapporté à la population accueillie, ces 80 millions représentent à peine trois jours de formation par personne…

D’où votre idée de vous lancer sur l'"apprentissage ouvrier"?

C. C. : Oui. Pour nous, c’est un moyen de capter de la ressource tout en remplissant notre mission. À partir de 2020, l’État a choisi de soutenir le développement de l’apprentissage en versant des aides aux employeurs d’apprentis pour ne pas briser la dynamique de l’alternance en période de pandémie. Mais on le constate : ce développement est surtout tiré par l’enseignement supérieur et la part de l’apprentissage "ouvrier" reste assez faible. C’est pourquoi nos entreprises suggèrent de pouvoir se positionner sur ce segment.

Comment ?

C. C. : Concrètement, il s’agirait de transformer nos entreprises en centres de formation d’apprentis (CFA). Certaines, dans le secteur de la propreté, ont déjà franchi le pas. Aujourd’hui, d’autres réfléchissent dans la plupart des secteurs où nous proposons des activités de retour à l’emploi : l’entretien des espaces verts, le nettoyage, la gestion des déchets, le bâtiment, etc. Nous disposons d’une expérience certaine sur ces champs de formation grâce aux partenariats que nos entreprises ont déjà réalisé et pourraient développer avec différents acteurs : organismes de formation privés, centres Afpa, Greta, etc. Selon nos calculs, nous serions capables d’accueillir 30 000 apprentis chaque année. Nous avons évoqué cette suggestion auprès de Matignon et de la DGEFP, mais nous comptons profiter du Printemps de l’inclusion aujourd’hui pour y sensibiliser les candidats à l’élection présidentielle.

 

 

Auteur

  • Benjamin d'Alguerre