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Bilan des cinq ans de PIC: un volume de formation au rendez-vous, mais des résultats sur l’emploi difficiles à observer…

Formation | publié le : 24.11.2022 | Benjamin d'Alguerre

Bilan de cinq ans de PIC: un volume de formation au rendez-vous, mais des résultats sur l’emploi difficiles à observer…

Bilan de cinq ans de PIC: un volume de formation au rendez-vous, mais des résultats sur l’emploi difficiles à observer…

Crédit photo contrastwerkstatt - Adobe Stock

Le troisième rapport d’évaluation du plan d’investissement dans les compétences (PIC), dévoilé le 24 novembre, tire un bilan mitigé des cinq années écoulées; indéniablement, PIC a provoqué un effet tremplin sur le nombre d’entrées en formation durant la période. Mais leur concrétisation sous forme de créations d’emploi est encore incertaine.

Le plan d’investissement dans les compétences a-t-il tenu ses promesses? Ce grand projet présidentiel porté par Emmanuel Macron lors de sa première entrée à l’Élysée devait former un million de chômeurs éloignés de l’emploi et autant de jeunes décrocheurs sur la durée du quinquennat. Budgété à 15 milliards d’euros sur cinq ans, le plan visait, notamment, à flécher les demandeurs d’emploi sur des formations aux métiers en tension, mais aussi sur ceux du numérique ou de la transition environnementale. Sur le front de l’emploi, l’économiste Jean Pisani-Ferry, l’une des têtes pensantes à l’origine du projet, visait les 300.000 emplois pourvus. La méthode de déploiement du plan d'investissement dans les compétences (PIC) devait associer les services de l’État et ceux des conseils régionaux au travers de « pactes régionaux d’investissement dans les compétences » afin d’optimiser, au travers des dotations financières du plan, les dispositifs régionaux déjà existant ou créés à l’occasion. L'objectif était d'apporter des réponses formation au plus près des bassins d’emploi. Seules deux Régions, Auvergne-Rhône-Alpes et PACA, n’ont pas joué le jeu, obligeant l’exécutif à contracter localement avec les directions régionales de Pôle emploi.

Effet tremplin pour les entrées en formation…

Cinq ans plus tard, le comité scientifique d’évaluation du PIC a rendu son troisième rapport sur les effets du plan. Dans ce texte de 150 pages, les experts, dirigés par l’économiste Marc Gurgand, chercheur au CNRS et professeur à la Paris School of Economics, dressent un tableau mitigé des résultats du PIC. Sur la volumétrie, les clignotants sont au vert. Les déploiements parallèles du plan et du CPF monétisé ont ouvert la voie de la formation à près de 4,5 millions de personnes, dont 3,2 millions de stagiaires de la formation, 916.000 ayant mobilisé leur CPF de façon autonome et 449.000 au titre des grands plans nationaux financés par le PIC – à l’image de la Prépa Compétences, de la Promo 16-18 de l’Afpa, du programme Hope à destination des migrants, etc. Autre mérite du plan, le renforcement des formations à vocation certifiante. On en comptait 229.000 en 2019 (30% du total environ), 317.000 en 2022 (37%). À quoi s’ajoute un fléchage plus élevé des stagiaires vers certaines formations considérées comme prioritaires, comme celles menant aux métiers du numérique – qui représentait 4,5% des entrées en formation en 2019 et 6,5% deux ans plus tard – bien que, en parallèle, celles relatives aux secteurs sanitaire et social ou liées à la transition environnementale ont connu une légère décrue.

Il faut dire que le déploiement du plan n’a pas toujours été une promenade de santé. Sur le terrain, les demandeurs d’emploi se sont heurtés à plusieurs réalités. Primo: une implantation des centres de formation dans les centres des grandes métropoles, les rendant difficilement accessibles aux habitants de la périphérie. Secundo: une tendance des organismes de formation à préférer retenir les candidats déjà titulaires d’un niveau de qualification post-Bac plutôt que ceux sans aucun titre ou diplôme. Tertio: une offre de formation qui, malgré certains efforts d’adaptation aux exigences du PIC, ne correspondait pas toujours aux besoins. Quarto: des prescripteurs laissant environ un candidat sur deux sur le bord de la route. Quinto: des dispositifs régionaux préexistant pas toujours bien identifiés.

…mais pas de plus-value significative en matière d’emploi

C’est surtout sur le front de l’emploi que la situation patine. Si les conclusions du rapport constatent une augmentation effective du taux de retour à l’emploi post-formation (+7 points sur douze mois et +10 points sur vingt-quatre mois), les chiffres ne démontrent pas une plus-value significative du PIC par rapport à d’autres dispositifs de formation. Et l’objectif des 300.000 emplois est loin d’être atteint. En outre, si la mise en marche du plan a permis aux acteurs régionaux de transformer leurs politiques d’achats de formation, de mise en réseau des organismes de formation, d’individualisation ou de modulation des actions de formation pour les faire coller aux besoins des stagiaires, le comité scientifique ne relève pas de différences significatives entre les Régions ayant adhéré au projet et contribué à son financement… et celles où, faute d’engagement de la majorité politique locale, c’est Pôle emploi qui a dû mettre la main à la pâte (et à la poche !).

Après cinq années de déploiement, le PIC devrait connaître une seconde vie durant ce quinquennat, mais cette fois sous le pavillon de la DGEFP et de France Travail au lieu d’un haut-commissariat dédié. Ses moyens financiers devraient aussi être revus à la baisse. Aucun chiffrage n’a, à ce stade, été dévoilé, mais interrogé sur la future enveloppe début novembre, Olivier Dussopt l’a qualifiée de « raisonnable »...

Auteur

  • Benjamin d'Alguerre