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Après l’appli CPF, l’appli VAE ?

Formation | publié le : 16.03.2022 | Benjamin d’Alguerre

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Devant la complexité du dispositif qui exige énormément de disponibilité de la part des candidats et sa lourdeur administrative, la VAE avait été réformée plusieurs fois. Les auteurs du rapport proposent de transformer cela en « service public numérique de la reconnaissance des acquis de l’expérience ».

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Le rapport sur la refonte du système de validation des acquis de l'expérience dévoilé le 15 mars propose de simplifier le dispositif en substituant à la logique diplômante telle qu’elle existe une reconnaissance des compétences acquises tout au long de la vie sous forme d’open badges accessibles grâce à une nouvelle application numérique.

Exit la VAE, place à la REVA. Attendu depuis 2020, le rapport sur la refondation du système de validation des acquis de l’expérience (VAE) a été remis aux ministres du Travail, de l’Éducation nationale et de l’Autonomie le 15 mars. Son contenu ? Dynamiter le dispositif tel qu’il existe depuis 2002 et tout reconstruire. En clair : « passer d’une démarche – la VAE – ponctuelle et rare réservée aux publics pas ou peu diplômés mais expérimentés dans une logique de reconnaissance des compétences transverses, sociales et comportementales à un système de reconnaissance de l’expérience – validation des acquis ou REVA – qui placerait le plus grand nombre en posture permanente d’apprentissage dans le cadre d’un continuum reconnaissance-validation » permettant à chacun de devenir « acteur de son propre parcours de vie ». Bref, « passer d’une VAE-sanction à une VAE de parcours », comme l’explique David Rivoire, dirigeant du cabinet VAE-Les Deux Rives, l’un des trois auteurs du rapport, aux côtés de Claire Khecha, ex-dirigeante de Constructys, l’Opco du bâtiment (aujourd’hui directrice générale déléguée, en charge de l’offre de services au sein de l’Afpa) et Yanic Soubien, ancien vice-président (EELV) de la Région Normandie en charge de la formation et de l’apprentissage.

Imaginée dans le cadre de la loi de modernisation sociale de 2002 par la ministre de la Formation professionnelle et du droit des femmes Nicole Péry, sous l’impulsion de son directeur de cabinet Vincent Merle, la VAE n’a jamais donné les résultats escomptés. À l’époque, le Gouvernement Jospin tablait sur 60 000 validations des acquis de l’expérience chaque année. Devant la complexité du dispositif qui exige énormément de disponibilité de la part des candidats et sa lourdeur administrative, la VAE avait été réformée plusieurs fois – dont la dernière en 2019 dans la foulée de la loi Avenir professionnel, faisant passer l’expérience professionnelle nécessaire pour y être éligible de trois à un an – mais sans toucher aux fondamentaux. « Résultat : le nombre de VAE réalisées stagne, le processus se déprécie et génère plus de 30% de validations partielles (et près 10% de validations nulles), très souvent vécues comme des échecs, des dévalorisations de soi autant psychologiques que professionnelles », déplorent les auteurs du rapport.

La solution, selon eux ? Passer de la transformation des compétences en diplômes à l’issue d’un parcours VAE à la reconnaissance de ces mêmes compétences tout au long de la vie grâce à un système d’open badges, sur le modèle de ce qui existe déjà pour les Mooc. Autrement dit, un portefeuille de compétences qui existerait sous forme numérique et serait accessible non seulement au public mais aussi aux financeurs et autres acteurs de la reconnaissance des acquis de l’expérience (Opco, entreprises, branches, opérateurs du conseil en évolution professionnelle, etc.). Comme pilote du système, le trio d’experts imagine « une start-up d’État » chargée dans un premier temps de développer l’appli et, à terme, de se transformer en « service public numérique de la reconnaissance des acquis de l’expérience » (soit SPN-REVA) en charge de la gestion du système. La création de ce nouvel outil s’accompagnerait de la mise en place de mesures facilitatrices pour permettre à la REVA de prendre son essor : inscription possible dans un cycle de VAE directement par l’application, accompagnement renforcé par les opérateurs du CEP, suppression de la durée d’expérience nécessaire à l’entrée dans le parcours, valorisation de la VAE dans les politiques de retour à l’emploi et de reconversions professionnelles, automatisation de la recevabilité des candidats, etc.

Auteur

  • Benjamin d’Alguerre