La croissance du nombre de contrats d’apprentissage se poursuit, et même le contrat de professionnalisation, que l’on croyait sacrifié sur l’autel du premier, retrouve quelques timides couleurs. C’est ce que montre le tableau de bord des politiques de l’emploi et de la formation professionnelle de la Dares remis à jour fin octobre 2022.

À l’occasion de la publication de ce nouvel état des lieux, la direction des statistiques du ministère du Travail a amélioré sa méthode d’estimation des stocks d’apprentis. « Jusqu’ici, les ruptures de contrats déclarées avec retard dans le système d’information de dépôt des contrats d’apprentissage (Deca) étaient estimées sur la base des comportements de ruptures des contrats observées sur le passé », indique la Dares, qui opte désormais pour une nouvelle méthode de recensement : « Il s’avère que ces comportements ont évolué sur la période récente et que certaines ruptures n’étaient jamais remontées dans le Deca. Dans ce contexte, les ruptures sont désormais identifiées non seulement à partir du Deca, mais aussi de la déclaration sociale nominative (DSN). » Ce changement de méthode conduit à une révision à la baisse du stock d’apprentis. « Par rapport aux séries diffusées fin août 2022, le stock de fin 2021 est révisé de -3%, passant de 892.500 apprentis à 864.100, et le stock de fin juin 2022 de -7%, passant de 891.400 à 827.500 », ajoute la Dares.

Les 800.000 apprentis à portée de main

Ajustements ou pas, la Dares n’en constate pas moins une augmentation du nombre de contrats commencés en août 2022 par rapport à 2021. 254.500 contrats, donc, soit une hausse de 13,2% comparée à l’année précédente. On comptait ainsi, à la fin de l’été, 797.500 apprentis, soit un effectif en hausse de 20% sur un an. Très proche, donc, de l’objectif des 800.000 apprentis fin 2022 que s’étaient fixés les ministres Olivier Dussopt et Carole Grandjean en septembre dernier.

Plus étonnant, l’augmentation la plus sensible du nombre de contrats est observée dans le secteur public, traditionnellement peu ouvert à la formation en alternance. Avec 25.831 contrats signés fin août 2022, la hausse par rapport à 2021 s’élève à un peu plus de 30%. Et si le volume de contrats signés dans le privé est nettement plus massif (771.647), son augmentation n'est, en proportion, que de 13% environ.

Professionnalisation: la tête hors de l'eau malgré l'érosion

De son côté, le contrat de professionnalisation résiste. Malgré un net recul depuis cinq ans au profit du contrat d’apprentissage – mieux subventionné –, il parvient à se maintenir hors de l’eau. Fin août 2022, 64.300 contrats de « pro » étaient enregistrés, soit une hausse de 5,1% par rapport à 2021. Ce sont surtout les plus de 26 ans qui portent ces contrats: +18,9%, quand les chiffres s’écroulent pour leurs cadets (-7,1% pour les moins de 26 ans pouvant accéder au contrat d’apprentissage).

En 2021, 120.600 contrats de professionnalisation ont été enregistrés, soit une hausse de 6,9% par rapport à 2020, mais un niveau bien en deçà de celui de 2019 (218.700). La hausse entre 2020 et 2021 a été portée par les contrats de professionnalisation pour les personnes de 26 ans ou plus (+26,8 % par rapport à 2020) dont le nombre fait plus que compenser la baisse du nombre de contrats de professionnalisation pour les personnes de moins de 26 ans (-5,0 %).

Il n'empêche que l’érosion générale se poursuit; fin août 2022, on comptait 126.200 personnes en contrat de professionnalisation, soit un effectif en baisse de 6,0% par rapport à août 2021. Fin 2021, on comptait 136.500 personnes en contrat de professionnalisation, après 166.500 fin 2020 et 269.200 fin 2019.