Le succès de l’alternance dans le monde de la finance et du conseil ne se dément pas. Selon les chiffres publiés le 7 décembre 2021 par Atlas, l’opérateur de compétences (Opco) de ces secteurs, le nombre de contrats d’alternance signés atteignait les 90 000 fin 2021. Soit une croissance de 31 % par rapport à 2020 (qui avait déjà connu une nette progression) et de 72 % sur ces deux dernières années. Pourquoi ce succès ? "Une bonne partie des entreprises de nos branches adhérentes sont confrontées des problèmes de recrutement et d’attractivité. Or, l’alternance est adaptée pour attirer les jeunes vers nos métiers, diversifier les profils et répondre aux besoins de transformation des compétences et de diversification des activités que rencontrent nos entreprises", répond Céline Vicaine, présidente CGT d’Atlas.
Sur les quinze branches adhérentes à l’Opco, presque toutes ont vu leurs effectifs d’alternants grimper. Avec des pointes dans certains secteurs comme celui des entreprises de conseil (+ 34 %) ou de la banque et de la finance (+1 6 %). Sur ces 90 000 contrats, près de 85 % relèvent de l’apprentissage et 15 % de la professionnalisation ; les premiers étant plutôt utilisés par les TPME, les seconds par les grandes entreprises. Un hiatus entre les deux dispositifs qui s’explique "par l’impossibilité d’accéder aux certificats de qualification professionnelle de branches dont sont friands les grands groupes par l’apprentissage", explique Yves Portelli, le directeur général de l’Opco.
Dans leur immense majorité, les cursus suivis en alternance au sein des entreprises couvertes par l’Opco relèvent de l’enseignement supérieur. En 2021, 49 % des diplômes visés relevaient du niveau bac + 5 (et 57 % pour les seuls contrats de professionnalisation). "Nous ne comptons pas de cursus infra-bac et seulement 1 % correspondant au niveau bac", calcule Yves Portelli. Pas illogique pour un opérateur de compétences dont le périmètre s’étend aux banques, cabinets d’experts-comptables, ESN ou encore bureaux d’études techniques. Seule exception : l’assurance "qui recrute souvent à bac + 2 ou + 3" précise cependant Solange Chappelart, directrice branches et partenariats d’Atlas. L’exigence des profils explique en partie le faible taux de rupture de contrats enregistré par l’Opco : 10 % pour l’apprentissage (contre 29 % au niveau national) et 8 % pour la professionnalisation (12 % au national).
Pour poursuivre sur cette lancée, Atlas a déjà booké son agenda 2022. L’Opco entend déployer l’an prochain un programme de formation des maîtres d’apprentissage et autres tuteurs de jeunes au sein des entreprises de son réseau. Au programme, des formations de deux jours pour permettre à ces derniers de mieux se préparer à l’encadrement d’alternants réalisés par des organismes de formation sélectionnés sur appel d’offres pour des formations de deux jours en présentiel qui devraient se coupler à des formations distantielles complémentaires. Un autre chantier concernera les "contrats de professionnalisation expérimentaux", que le ministère du Travail a rendu possible dans le cadre de France Relance. En clair : des contrats d’alternance correspondant à des métiers pour lesquels l’offre de formation ou de certification existante n’est pas adaptée. L’opération court jusqu’en 2023 et, après une première salve de 70 contrats expérimentaux en 2021, Atlas entend en mettre en place 500 l’année prochaine. Dans la foulée, l’Opco travaille aussi sur la transformation de certains CQP en "titres à finalité professionnelle" qui, eux, seraient éligibles aux fonds de l’apprentissage, et que certaines branches regardent donc de très près… Un objectif qui s’apparente à un travail de dentellière tant les critères établis par France Compétences pour accepter de nouvelles certifications sont draconiens. Selon Mathieu Carrier, directeur de l’ingénierie et de l’innovation, aujourd’hui "quatre certifications sur cinq" se voient retoquées après leur présentation.