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L'alternance a bondi de 24 % en 2021 dans l'Opco des entreprises de proximité

Apprentissage | publié le : 30.06.2022 | Benjamin d'Alguerre

Formation en alternance

La dynamique de l’alternance a bien tenu dans les TPE-PME au vu des bons résultats 2021 de l’Opco EP qui représente à lui seul près d’un cinquième des contrats en alternance recensés en 2021, portés notamment par ses branches artisanales. Mais la fin possible des aides à l’embauche d’apprentis en 2023 et les récentes annonces de réduction des prises en charge des contrats par France Compétences inquiètent…

Pâtisserie, boulangerie, coiffure, professions immobilières, services à la personne, esthétique… les cinquante-trois branches adhérentes à l’Opco EP – l’opérateur des compétences des entreprises de proximité, né en 2019 de la fusion des ex-Opca Agefos PME (interpro) et Actalians (professions libérales) – n’ont pas chômé pour prendre leur part dans le développement de l’alternance depuis la réforme de 2018. Résultat : l’opérateur finance aujourd’hui 18 % de l’ensemble des quelque 850 000 contrats d’alternance signés en France en 2021. "On représente presque un cinquième de l’alternance en France", se félicitait Philippe Gaertner, président (U2P) de l’Opco, le 29 juin à l’occasion de la présentation du bilan 2021 de l’Opco. Même la pandémie de Covid-19 ne semble pas avoir ralenti la tendance puisqu’entre 2020 et 2021, l’opérateur a enregistré une progression de 24 % des contrats signés. Essentiellement grâce aux aides à l’embauche mises en place dès mars 2020 pour maintenir la dynamique de progression de l’alternance et dont Olivier Dussopt, le nouveau ministre du Travail, a récemment annoncé le prolongement jusqu’à la fin 2022.

Cependant, comme ailleurs, la progression de l’apprentissage (134 062 nouveaux contrats enregistrés en 2021) s’est faite aux dépens de l’autre contrat en alternance, celui de professionnalisation (15 777 contrats commencés en 2021 contre 17 341 l’année précédente). Un effet de balancier commun à quasiment tous les secteurs d’activité couverts par l’Opco, sauf dans les entreprises adhérentes de plus de 300 salariés qui demeurent fidèles à la professionnalisation, plus conforme à leurs besoins de formation. "C’est au sein de ces entreprises que la part des contrats de professionnalisation reste la plus importante puisqu’elle y représente 28 % du total des contrats d’alternance. 71 % de ces contrats concernent la branche du personnel des prestataires de services du secteur tertiaire et de l’interprofession", détaille Armelle Robert, directrice partenariats, alternance et DROM au sein d’Opco EP. Côté apprentissage, en revanche, les petites boîtes de moins de 11 salariés se taillent la part du lion puisqu’elles avaient signé en 2021 75 % des contrats, loin devant celles de 11 à 49 salariés (12 %) et les plus de 300 collaborateurs (8 %). Seule catégorie à faire exception, les 50 à 299 salariés qui ne pesaient que 5 % des contrats d’apprentissage dans le périmètre de l’Opco. 

49 branches sur 53 investies sur l'apprentissage

Au sein de l’Opco, quatorze branches représentent à elles seules 85 % des contrats. La pâtisserie, en premier lieu (25 798 contrats, dont 25 510 d’apprentissage) est la plus grosse employeuse d’apprentis (17 %) suivie de la coiffure (12 %, 17 990 contrats dont 17 299 pour le seul apprentissage) et de l’immobilier (10 %, 15 550 contrats dont 15 262 d’apprentissage). "Un net progrès pour cette dernière qui enregistre 4336 contrats de plus qu’en 2020", explique Armelle Robert. "Au total, quarante-neuf branches sur nos cinquante-trois adhérentes ont signé des contrats d’apprentissage", calcule-t-elle. Même des activités traditionnellement rétives à ce type de formation – notamment chez les professionnels libéraux – ont mobilisé leurs entreprises pour participer à cette nouvelle dynamique. À l’image des greffiers (+ 400 % de contrats supplémentaires), des personnels des structures associatives cynégétiques (+ 109 %), des huissiers de justice (+ 86 %) ou des architectes (+ 64 %). Les services funéraires et les cabinets dentaires ont également vu leurs effectifs d’alternants augmenter, mais nettement en faveur du contrat de professionnalisation.

Parmi les formations dispensées dans le cadre de l’alternance sur le champ d’EP, les cursus niveau CAP, BEP et baccalauréat, portés par les activités artisanales traditionnelles demeurent majoritaires (59 % des contrats d’apprentissage, 54 % de ceux de professionnalisation), immédiatement suivis par les diplômes de niveau bac + 2 (DUT, BTS, DUT ou Deust) qui représentent 20 % des prises en charge de l’Opco au titre l’apprentissage et 11 % pour la professionnalisation. De bons chiffres, donc. Mais menacés à terme. Non seulement par la réduction des prises en charge "au contrat" par France Compétence, qui a annoncé un rabotage de 10 % des coûts-contrats fixés par les branches (pour un total de 800 millions d’euros), mais surtout par l’avenir incertain des aides à l’embauche d’apprentis dès janvier 2023. Off the records, un insider d’Opco EP, confiait les inquiétudes de l’opérateur de compétences : "Pour la campagne de recrutement 2022 qui débute en juillet, tout devrait bien se passer : les aides aux entreprises sont maintenues et les coûts-contrats calculés selon les anciens tarifs. 2023 sera en revanche le crash-test… " À suivre.

 

 

Auteur

  • Benjamin d'Alguerre