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"L'Allemagne a dû relever le défi de l'arrêt du recrutement des apprentis" (CCI franco-allemande)

Apprentissage | publié le : 12.05.2021 | Benjamin d'Alguerre

Favoriser la mobilité professionnelle des jeunes entre la France et l'Allemagne, c'est l'un des objectifs que s'est fixé la chambre de commerce franco-allemande. Tour d'horizon avec son directeur général, Patrick Brandmaier. 

Le sommet social de Porto a fait de la mobilité européenne des apprentis une priorité. Est-ce une bonne décision ?

Patrick Brandmaier : Oui. Le développement de la mobilité européenne chez les étudiants a montré à quel point il est important de donner l’opportunité aux jeunes de se former dans toute l’UE. Mais il demeure compliqué d’appliquer ce schéma aux apprentis, la maîtrise de la langue constituant souvent le premier frein à la mobilité européenne. En outre, s’il s’avère que les diplômés post-bac ont déjà voyagé, c’est plus rarement le cas des apprentis. À la chambre de commerce franco-allemande, nous organisons des échanges entre nos deux pays et pour les apprentis qui y participent, c’est souvent leur premier voyage hors de leur pays d'origine. Une partie du marché du travail n’a pas l’habitude de la mobilité, or, avec le développement des technologies et la complexité des métiers, cela devient une nécessité. Des techniciens peuvent être amenés à installer des machines et des infrastructures partout en Europe et dans le monde. Aussi, tout ce qui suit une logique d’harmonisation des statuts est positif. Longtemps, l’absence d’un statut européen pour les étudiants constituait une forte barrière pour étudier à l’international. Il est temps de mettre en place un statut similaire pour les apprentis et de développer une structure autour d’Erasmus pour accompagner et accélérer la mobilité des apprentis.

L’Allemagne a-t-elle prévu un plan de relance pour l’apprentissage, la formation professionnelle et les reconversions des salariés ayant vu leur emploi détruit lors de la crise de la Covid-19 ?

P. B. : Il existe des dispositifs pour favoriser les reconversions, mais le plus grand défi que l’Allemagne a dû relever pendant la crise, c’est l’arrêt brutal du recrutement d’apprentis par les TPE et PME. Le gouvernement allemand a ainsi instauré une politique d’aides à l’embauche de 500 millions d’euros en 2021 et de 200 millions d’euros en 2022, pour convaincre les entreprises de continuer à miser sur l’apprentissage, à l’instar de la France. L’apprentissage a longtemps été la voie royale pour accéder au marché de l’emploi en Allemagne tandis qu’aujourd’hui, la balance penche significativement vers les cycles d’études supérieures.

Quelles initiatives prend la chambre de commerce en faveur de la mobilité européenne et du développement de l’apprentissage ?

P. B. : Plusieurs programmes ont été créés en ce sens. La plateforme Écoles-Entreprises, lancée en 2016 et remise à jour en octobre 2020, aide des jeunes Allemands et Français à trouver des stages dans les entreprises de l’autre pays, ce qui leur donne également l’occasion d’approfondir leur connaissance de la langue. Mais elle aide aussi les entreprises à recruter des jeunes profils des deux pays. Cet outil de recherche s’adresse davantage aux lycéens et aux étudiants à la recherche d’un stage d’été plutôt qu’aux apprentis. Aujourd’hui, nos efforts se concentrent sur la création de passerelles entre cette plateforme et un plus grand nombre de centres de formation. D’autre part, nous fêtons cette année les vingt ans de notre Master 1 en alternance « chargé de développement commercial franco-allemand », un cursus de douze mois, accessible aux bacheliers. Nous avons déjà 275 diplômés depuis la date de création du programme en 2001. Et depuis la loi du 5 septembre 2018, qui facilite les cursus en apprentissage, nous avons fait appel à l’Aforp, un CFA de l’IUMM, pour être éligibles à la prise en charge « au contrat ». Toujours dans le cadre de cette réforme, nous avons lancé en janvier 2020 le programme 4Players4You, un parcours de deux ans en apprentissage préparant à un diplôme de technicien en maintenance, réalisé au sein des filiales françaises de quatre groupes de la chimie et de la santé allemands (Jungheinrich, BASF, Boehringer Ingelheim et Merck) installées dans le sillon rhodanien. Dans leurs cursus, ces alternants feront un séjour au sein du siège allemand de leur entreprise d’accueil. 

Auteur

  • Benjamin d'Alguerre