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CMA France et la Fnadir s’inquiètent de la nouvelle prime à l’apprentissage

Apprentissage | publié le : 12.12.2022 | Benjamin d'Alguerre

Pour les principaux réseaux de CFA, la substitution d’une prime unique de 6000 euros pour les entreprises employeuses d’apprentis aux anciennes aides mises en place en 2020 risque de nuire au recrutement d’alternants dans les PME-TPE et provoquer des effets d’aubaine chez certaines entreprises.

L’annonce, par le Gouvernement, d’une modification des primes à l’embauche d’apprentis, ne fait pas que des heureux. Le réseau des chambres des métiers de l’artisanat (CMA France) ainsi que la Fédération nationale des directeurs de CFA (Fnadir) tirent la sonnette d’alarme sur les conséquences que ce changement de braquet pourrait avoir sur les recrutements d’apprentis.

Pour rappel, au 1er janvier 2023, les deux primes mises en place en mars 2020 pour soutenir la croissance de l’apprentissage malgré la pandémie (5000 euros pour l’employeur par recrutement d’un apprenti mineur et 8000 pour un majeur ou un handicapé) disparaîtront au profit d’une aide unique de 6000 euros par alternant recruté, qu’importe son âge, son niveau d’étude ou sa situation de santé. Un rabotage qui vise notamment à soulager la trésorerie de France Compétences, l’organisme en charge de la ventilation des fonds de la formation professionnelle et de l’alternance, qui accuse un déficit chronique depuis sa création en 2019 notamment à cause des réformes « à enveloppe ouverte » du CPF et de l’apprentissage.

"Fausse bonne nouvelle"

Problème : les principaux réseaux de centres de formation d’apprentis ont sorti la calculette et, selon eux, le compte n’y est pas. Notamment pour les petites entreprises de moins de 250 salariés qui risquent d’être les grandes perdantes de cette nouvelle politique de primes. Selon les calculs de CMA France, la nouvelle prime de 6000 euros versée une seule fois se traduirait, pour une PME, par une perte de 125 euros pour un contrat de deux ans et de 1325 euros pour une embauche de trois ans. « Il y a donc fort à parier que les recrutements en apprentissage pour un an seront favorisés, ce qui est propice aux formations qui ne vont pas au-delà de cette durée comme certains masters de l’enseignement supérieur qui seront, de fait, encouragés », observent les chambres de métiers de l’artisanat. « Il s’agit là d’une véritable régression, alors que de nombreux métiers sont en tension et peinent à recruter, dans un contexte ou une grande partie de nos entreprises sont déjà fragilisées par la crise. Cette différence s’amplifie encore pour les entreprises qui font le choix d’embaucher un majeur. C’est une fausse bonne nouvelle pour nos entreprises qui forment pourtant un apprenti sur quatre », décrypte Joël Fourny, président de CMA France.

« Le risque pèse surtout sur les diplômes et titres de niveau Bac et infra », renchérit la Fnadir. En clair : pour un apprenti de niveau IV (Bac) qui s’engagerait dans un cursus sur plusieurs années, la tentation pourrait être grande pour l’employeur de choisir de rompre le contrat en fin de première année pour en réembaucher un autre et toucher à nouveau l’aide au recrutement. Une tentation que le versement des anciennes primes, lissé sur la durée du contrat, permettait d’éviter.

 

 

Auteur

  • Benjamin d'Alguerre