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Apprentis d'Auteuil : "Créer un droit à l’insertion comprenant un revenu minimum"

Apprentissage | publié le : 27.01.2022 | Benjamin d'Alguerre

Mieux qu’un manifeste, un plaidoyer. C’est ce que viennent de publier les Apprentis d’Auteuil avec l’ouvrage "Prendre le parti des jeunes" envoyé à tous les candidats à la présidentielle pour les sensibiliser sur le thème des jeunes en situation de rupture. 24 propositions y figurent. Rencontre avec Pascale Lemaire-Toquec, directrice ressources éducatives et accompagnement métier au sein de la fondation.

Quel est le but de la publication de votre plaidoyer "Prendre le parti des jeunes", publié le 20 janvier 2022 ?

Pascale Lemaire-Toquec : l’objectif, c’est de nourrir le débat présidentiel sur les sujets qui touchent la jeunesse : échec scolaire, insertion professionnelle, apprentissage, orientation par défaut, difficultés d’accès au logement… Notre plaidoyer a été nourri par une concertation d’un an au cours de laquelle nous avons interrogé 5 000 personnes, jeunes et familles. Ces échanges ont permis d’identifier des problématiques, des besoins et des attentes directement ancrés dans le quotidien et d’en tirer vingt-quatre propositions concrètes que nous allons adresser à l’ensemble des candidats à l’élection présidentielle.

Comment avez-vous accueilli la réforme 2018 de l’apprentissage ?

P. L.-T. : Sans surprise, vu notre activité d’insertion qui passe entre autres par l’apprentissage depuis 155 ans, nous avons accueilli la réforme très positivement. Nous avons d’ailleurs connu une croissance de 20 % de notre nombre d’apprentis (1 100 sur les 6 000 jeunes que nous accompagnons chaque année dans un parcours d’insertion). Les jeunes que nous accueillons ont connu des parcours de vie plus compliqués que la moyenne et, pour eux, être réintégrés socialement par l’apprentissage et la mise en situation de travail peut-être plus facile que le "retour à l’école", à condition d’être accompagnés. C’est aussi du temps qui peut être utilisé pour acquérir les savoir-être qu’ils n’ont pas nécessairement acquis dans leur histoire personnelle, souvent marquée par les ruptures Dans le cadre de l’accompagnement personnalisé qu’Apprentis d’Auteuil propose à chaque jeune, nous les aidons aussi quotidiennement sur les difficultés qu’ils peuvent rencontrer durant leur cursus en alternance, comme le logement, la mobilité ou l’aide administrative.

Votre plaidoyer prévoit des mesures relatives à l’orientation. Est-ce pour vous un angle mort de la réforme de 2018 ?

P. L.-T. : C’est effectivement un sujet à traiter. Trop de jeunes sont encore orientés vers la voie professionnelle par défaut. Le problème rencontré par ces jeunes, c’est le temps ! Souvent, ils n’en disposent pas suffisamment pour bénéficier d’une bonne orientation, n’ont pas l’occasion de réfléchir ou de tester. Il faut leur laisser le temps d’essayer, d’expérimenter, de changer de voie le cas échéant. Cela peut aussi utilement passer par la visite d’entreprises, par l’échange avec des professionnels : la rencontre est importante !

Quelles solutions à imaginer pour leur laisser ce temps ?

P. L.-T. : Nous proposons de créer un droit à l’insertion comprenant un revenu minimum un accès au logement et à la mobilité afin de permettre aux jeunes de 18 à 25 ans de construire leur orientation et d'éviter les ruptures. Si on ne crée pas les conditions de la continuité des parcours, on s’éloigne de l’objectif.

Comment jugez-vous les dispositifs jeunesse type Garantie jeunes ou le futur Contrat d’engagement jeunes que l’État doit déployer en mars ?

PL-T : Nous étions très impliqués dans les groupes de travail menés parallèlement avec le Haut-commissariat aux compétences, celui à l’emploi et à l’engagement des entreprises ainsi que la délégation à la pauvreté. Les pouvoirs publics nous ont sollicités car nous étions lauréats de l’appel d’offres 100 % inclusion du PIC. Nous avons dans ce cadre expérimenté des actions qui permettent de proposer aux jeunes de véritables parcours, des passerelles. Nous avons aussi utilisé des modalités innovantes comme le Design Thinking pour réussir à aller chercher les jeunes que personne ne voit, là où ils sont. Cela nous amène à travailler en étroite relation avec les structures qui les connaissent bien, comme les missions locales ou les associations de quartier, par exemple, mais aussi d’organiser des opérations avec d’autres acteurs micro-locaux. Notre programme Impact Jeunes, par exemple, vise à toucher l’ensemble des jeunes d’un micro-quartier, à aller frapper à toutes les portes des appartements, pour chercher avec tous ceux qui en ont besoin une solution adaptée. C’est un exemple parmi d’autres, mais si on n’agit pas au plus près du terrain, on n’y arrivera pas.

 

 

Auteur

  • Benjamin d'Alguerre