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Alternance : comment réduire les ruptures de contrat ?

Apprentissage | publié le : 06.03.2023 | Gilmar Sequeira Martins

L’alternance continue sur sa lancée. Alors que le nombre de personnes empruntant cette voie était de 612 000 en 2015, il a augmenté entre-temps de 40 % pour s’établir à 855 000 en 2021, se répartissant entre 733 000 contrats d’apprentissage et 122 000 contrats de professionnalisation. Cette forte croissance doit beaucoup aux réformes successives dont ce dispositif a fait l’objet : ouverture des contrats aux 25-29 ans ; aides financières accordées aux apprentis ; soutien renforcé à l’embauche, mais aussi mesures de simplification afin de faciliter l’usage de ce dispositif pour les employeurs. Depuis la crise sanitaire de 2020, ces aides ont été renforcées, à travers notamment le plan « Un jeune, une solution ».

La deuxième édition du baromètre de l’alternance publié en février par la fondation Adecco, le cabinet Quintet Conseil et l'association Walt pointe cependant un danger croissant : 1 alternant sur 5 (20 %) rompt son contrat, la proportion étant encore plus forte parmi les contrats d’apprentissage (24 %) que ceux de professionnalisation (11 %). Ce niveau est supérieur à celui observé parmi les actifs en 2017. Le taux de rupture d’un CDI se situait alors en moyenne à 16,4 %, avec des disparités importantes entre les catégories et les secteurs : il atteignait 24 % parmi les employés et 19,2 % dans le tertiaire, mais 14,2 % dans la construction et moins de 10 % dans l’industrie (9,4 %).

La période d’essai semble être le moment le plus critique de l’alternance puisqu’elle voit se produire 42 % des ruptures de contrat. À titre de comparaison, 20 % des ruptures anticipées de CDI surviennent durant la période d’essai. Le reste des ruptures se situent pendant la formation en alternance (56 %), ou plus rarement après l’obtention du diplôme (2 %). Ces ruptures touchent 11 % des alternants et 23 % des entreprises (la différence de taux tient à ce qu’une société peut accueillir plusieurs personnes en alternance). Interrogées sur leurs motifs, les entreprises mettent en avant le fait de ne pas avoir obtenu satisfaction quant à la réalisation des tâches (58 %) et au comportement des alternants (54 %). Les alternants citent quant à eux leur souhait de ne plus rester dans l’entreprise (28 %), une mauvaise intégration (22 %) ou l’obtention d’un emploi ailleurs (16 %).

Que faire ? Plus de trois quarts des entreprises se fondent principalement sur le CV pour recruter des alternants, or cet outil s’avère d’autant plus inadéquat que les candidats sont jeunes. Les auteurs du baromètre relèvent que les pratiques permettant de fiabiliser les recrutements restent très minoritaires : à peine 15 % des entreprises réalisent des tests ; 13 % un entretien et 13 % une mise en situation. Pour démontrer l’intérêt de ces pratiques, ils rappellent que le secteur de l’hôtellerie-restauration, celui qui se base le moins sur le CV et qui propose le plus de faire des essais, est aussi celui enregistrant l’un des plus faibles taux d’interruption en cours de contrat d’alternance.

L’intégration mériterait aussi une amélioration sensible, puisque 94 % des alternants indiquent n’avoir bénéficié d’aucun parcours spécifique. Parmi les grandes entreprises, dont 76 % se targuent de proposer un dispositif de ce type, à peine 8 % des alternants indiquent y avoir été engagés. Selon les auteurs du baromètre, l’écart est sans doute considérable entre ce que les entreprises désignent par le terme de « parcours d’intégration » et ce que les jeunes alternants souhaitent ; les premiers souhaitant une acculturation rapide, là où les seconds souhaitent une intégration progressive comparable à celle qu’ils vivent dans le cadre scolaire. Le suivi des alternants pèche lui aussi, puisque près d’un quart (22 %) des alternants déclarent n’avoir aucun tuteur. Si leur satisfaction est élevée lorsqu’ils sont suivis (83 %), il n’en reste pas moins qu’une très large majorité des entreprises (72 %) ne propose aucune formation spécifique aux futurs tuteurs. Signe peu encourageant, ce taux est en progression de 12 points par rapport à 2021.

Pour aplanir ces difficultés, les auteurs du baromètre proposent notamment de mettre en place « des parcours d’intégration clairement balisés côté entreprise, en lien avec les CFA », mais aussi de rendre « obligatoires », au sein des CFA et au début des contrats, des réunions d’information entre tuteurs et maîtres d’apprentissage. Ils proposent aussi une meilleure structuration de la « progressivité des attentes des entreprises pour faciliter la responsabilisation et la montée en compétences ».

Auteur

  • Gilmar Sequeira Martins