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À la recherche de compétences, le Syntec demande un reboot du système éducatif

Formation | publié le : 06.09.2022 | Benjamin d'Alguerre

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Pour répondre à la problématique de la pénurie d’emploi dans ses entreprises, le Syntec met sur la table quinze propositions – assorties de promesses d’engagements en matière de formation et d’emploi – adressées aux pouvoirs publics pour transformer le système éducatif afin de le rendre plus favorable à l’orientation vers ses métiers.

L’hôtellerie-restauration et le bâtiment ne sont pas les seuls secteurs à tirer la langue face à la pénurie de candidats. Les métiers de l’ingénierie, des bureaux d’études, du conseil, du numérique et de la formation professionnelle accusent eux aussi un déficit de compétences, faute de têtes bien faites disponibles. Au sein du Syntec, dont les entreprises adhérentes créent annuellement près de 50 000 emplois, on estime que ce nombre "pourrait être plus élevé, à hauteur de 70 ou 80 000 emplois nets chaque année si nous disposions des profils adéquats", calcule Laurent Giovachini, président de la fédération et directeur-général adjoint de Sopra Steria. Les métiers du numérique, à eux seuls, accusent une pénurie d’environ 10 000 jeunes diplômés par an. Et faute de main-d’œuvre qualifiée, des projets – dont certains liés à la transition climatique, énergétique ou à d’autres problématiques de développement technologique marquées par l’urgence – prennent la poussière dans les ESN et les bureaux d’études.

Les entreprises du Syntec ont beau prendre leur part dans cet effort pour la montée en compétences – 36 % des salariés de la branche ont été formés en 2021, l’investissement dans la formation des employeurs a tendance à être 4 ou 5 fois plus élevé que dans d’autres branches et le nombre d’apprentis dans le périmètre du secteur vient de dépasser les 60 000 –, l’engagement est insuffisant. La Fédération a donc planché sur un plan de bataille en quinze points pour réformer le système éducatif afin de lui permettre de former davantage de futurs salariés dans les domaines du numérique, de l’ingénierie ou des autres activités de la branche, selon une logique adéquationniste assumée par le Syntec et confirmée par une étude Ipsos réalisée pour l’occasion. Selon ses résultats dévoilés le 6 septembre, 55 % des personnes interrogées estiment que l’intégration sur le marché du travail doit être la priorité du système éducatif. 

Propositions et engagements

Premier chantier à mener d’urgence : revaloriser les maths à l’école afin de sensibiliser les jeunes générations à la culture scientifique. "Sur ce point, la réforme de Jean-Michel Blanquer supprimant les mathématiques du tronc commun des premières et terminales était un échec", assène Laurent Giovachini. Une requête partagée au-delà de la seule Fédération puisque tant le Medef que la CGE-CGC ont rappelé à l’occasion leur attachement à l’enseignement des mathématiques dans les programmes scolaires. Autres propositions à mettre d’urgence à l’agenda, la création d’une forme de "nutriscore" des formations permettant de les noter en fonction de leur taux d’insertion dans l’emploi, le développement de systèmes de "badges" portant reconnaissance des compétences, l’ouverture des contrats d’alternance à tous les âges, la mise en place d’abondements CPF particuliers pour les salariés choisissant une reconversion dans les métiers du Syntec, inscrire les dépenses formation dans la colonne "investissements" des bilans comptables plutôt que dans les charges – une demande régulièrement adressée aux pouvoirs publics par les Acteurs de la compétence, l’ex-Fédération de la formation professionnelle – et développer le nombre de campus connectés sur les territoires.

Sur le principe du donnant-donnant, le Syntec s’engage lui-même à accomplir un certain nombre d’efforts pour accompagner ses requêtes. Notamment booster l’alternance dans le secteur avec un objectif de 5 % d’apprentis d’ici à 2025 en premier lieu. Mais aussi améliorer de dix points le niveau de parité dans les entreprises au même horizon calendaire. S’assurer que 90 % des contrats d’alternance signés dans les entreprises de la branche se traduisent en CDI. Mettre en place un droit à temps partiel des seniors lorsque ceux-ci s’engagent sur des activités de mentorat, ou former l’ensemble des salariés de la branche à la sobriété numérique à l’horizon 2025. Le deal est posé, à voir si l’exécutif s’en empare.

Auteur

  • Benjamin d'Alguerre