logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Tous les salaires de la fonction RH en 2013

Entreprise & Carrières | Salaires | publié le : 06.05.2016 | Emmanuel Franck

Image

La rémunération du DRH fait jeu égal avec celle du directeur financier ; le DRH français fait partie des mieux payés d’Europe. Telles sont les conclusions inattendues de l’étude exclusive “Tous les salaires de la fonction RH”, réalisée par Towers Watson pour Entreprise & Carrières,qui passe également en revue les rémunérations des six principales fonctions des ressources humaines.

DRH brisé, DRH martyrisé, mais DRH bien payé. Et si la place de DRH n’était finalement pas si mauvaise à prendre ? Certes, l’image de la profession n’est pas bonne, comme le constataient les intervenants d’un colloque organisé par le Club DéciDRH en avril dernier. Certes, les DRH occupent une place inconfortable entre le marteau de la direction et l’enclume des salariés. Certains en font même une dépression et un livre (
D comme DRH et… dépressif, Jacky Lhoumeau, Tatamis, 2013). Certes, il leur faut perpétuellement prouver qu’ils créent de la valeur pour l’en­treprise. Et c’est sans doute le cas, ils pourront s’en persuader en constatant qu’ils ne sont pas si mal rémunérés, comme le montre notre étude exclusive “Tous les salaires de la fonction RH 2013”, réalisée par Towers Watson.
 
Membre du comité directeur
Tout compris (fixe + variables individuel et collectif), la rémunération médiane annuelle d’un DRH d’une entité de taille moyenne située en France est de 148 000 euros. Cela le place largement au-dessus du directeur juridique (132 000 euros). Ce qui n’est pas surprenant, car, « contrairement au directeur juridique, le DRH est très souvent membre du comité directeur », explique Armelle Prokop, responsable du département rétribution de Towers Watson. Mais le DRH fait aussi presque jeu égal avec le directeur financier (152 000 euros), dont la position stratégique n’est pas à démontrer. En outre, leurs rémunérations sont si proches que « la hiérarchie pourrait évoluer », note Jean-Vincent Ichard, responsable du département enquêtes de rémunération chez Towers Watson.
 
Charles-Henri Besseyre des Horts, professeur à HEC, avance une explication à cette inattendue proximité salariale entre les deux directeurs : de plus en plus de DRH viennent de l’opérationnel, ce qui tire leurs salaires vers le haut. C’est, en tout cas, la conclusion d’une étude menée, certes auprès des seuls DRH du CAC 40, par François Eyssette, ancien DRH de Bic, avec l’aide de Charles-Henri Besseyre des Horts. Selon cette étude, qui sera publiée en 2014, 40 % des DRH de ces grandes entreprises occupaient auparavant une fonction opérationnelle. Seul le directeur marketing et vente se détache nettement, avec 166 000 euros annuels.
 
« Cette bonne place dans la hiérarchie des salaires est une vraie reconnaissance pour le DRH, note Charles-Henri Besseyre des Horts. Mais cela pose aussi la question de l’identité de la fonction : si elle peut être pourvue par des personnes qui lui sont extérieures, de quelle expertise peut-elle se prévaloir ? »
Mais le plus étonnant est que les DRH français apparaissent bien payés aussi par rapport à leurs homologues d’autres pays européens. Net de charges et d’impôt sur le revenu, leur salaire est même le plus élevé (lire p. 6).
 
Towers Watson a également étudié les rémunérations de six autres fonctions chapeautées par le DRH. En tête se trouve le responsable formation et développement. À ce poste, la rémunération totale médiane d’un salarié confirmé (entre sept et douze ans d’expérience) est de 62 000 euros. « Il a en charge la gestion des talents, relève Armelle Prokop. À ce poste, les entreprises ont besoin de professionnels expérimentés pour booster la gestion des talents et des compétences, au cœur de leur préoccupation. »
 
Vient ensuite le comp & ben, avec 61 000 euros. « Il s’agit forcément d’un expert, explique Charles-Henri Besseyre des Horts. Il doit travailler à l’individualisation des packages de rémunération tout en veillant à l’équité et à la maîtrise de la masse salariale. » Les comp & benles mieux payés gagnent d’ailleurs davantage que certains DRH d’entités moyennes.
 
Une fonction valorisée : responsable des relations sociales
En troisième position se trouve le responsable des relations sociales (59 000 euros). « C’est une fonction valorisée, en France, du fait du poids des relations sociales », explique Charles-Henri Besseyre des Horts. « C’est un poste qui a forcément une dimension nationale et qui suppose de l’expérience », ajoute Jean-Vincent Ichard.
 
Le responsable RH est en quatrième position avec 55 000 euros. « Le RRH met en œuvre ce qui a été décidé par d’autres, analyse Armelle Prokop. Il est en première ligne, et on lui demande beaucoup en lui donnant souvent peu de moyens. » Une façon de dire que son salaire n’est pas proportionnel à l’énergie qu’il dépense pour le gagner.
 
Recrutement : des postes externalisés
Enfin viennent le responsable recrutement (51 000 euros) et, nettement décroché, le responsable paie (37 000 euros). « Le responsable recrutement a un champs d’intervention plus restreint que les précédentes fonctions, explique Armelle Prokop. Et une bonne partie du recrutement est d’ailleurs souvent externalisé. Le responsable paie n’est en général pas cadre et sa fonction est, elle, de plus en plus, souvent externalisée. »
Au final, « la hiérarchie des rémunérations place en tête les spécialistes, devant les généralistes et les opérationnels », résume Armelle Prokop. Quant aux écarts au sein d’une même fonction, ils s’expliquent par les responsabilités managériales : dès lors qu’il encadre et décide, le salarié voit sa rémunération progresser fortement. Ce qui pose, comme pour le DRH, la question de la juste valorisation de l’expertise.
 
148 000 EUROS
Rémunération monétaire totale médiane d’un DRH d’une entité moyenne.
Chiffre d’affaires compris entre 500 millions et 1 milliard d’euros ; effectif compris entre 500 et 1 500 collaborateurs.

199 000 EUROS
Rémunération monétaire totale médiane d’un DRH d’une grande entité.
Chiffre d’affaires compris entre 1 et 2 milliards d’euros ; effectif compris entre 1 500 et 4 000 collaborateurs.
 
MÉTHODOLOGIE
Étude réalisée à partir d’un échantillon de la base de données de Towers Watson de 6 791 salariés de la fonction RH titulaires travaillant, mi-2013, dans plus de 470 entreprises.
La rémunération monétaire totale inclut le salaire de base 2013, le variable individuel versé au titre de 2012, l’intéressement et la participation versés au titre de 2012.

Auteur

  • Emmanuel Franck