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Pas de vrai coup de pouce pour le Smic

Liaisons Sociales Magazine | Salaires | publié le : 14.12.2015 | Emmanuelle Souffi

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Pour ne pas alourdir le coût du travail, le gouvernement cantonne la hausse du Smic à 0,6 % au 1er janvier. Depuis 10 ans, le salaire minimum n'a connu que de très faibles revalorisations.

En ces temps de défaite électorale, pas sûr que la décision du gouvernement de ne pas doper le Smic réconcilie les Français avec la majorité. Conformément aux recommandations du groupe d’experts indépendants, présidé par l’économiste François Bourguignon, Myriam El Khomri a annoncé ce 14 décembre que le salaire minimum ne sera revalorisé que de 0,6 % au 1er janvier. Son montant horaire passe ainsi à 9,67 euros, soit 1466,62 euros brut par mois pour un temps plein. Soit 9,10 euros de hausse mensuelle.

Dans la foulée de la conférence sociale de 2012, la formule de calcul avait évolué. Elle suit désormais l’évolution de l’inflation pour les 20% des ménages les plus modestes (–0,1 % en 2015), augmentée de la moitié du gain de pouvoir d’achat du salaire moyen des ouvriers et employés (+0,6 %).

Colère de l'aile gauche

En théorie, le gouvernement aurait pu n'augmenter le Smic que de 0,5%. "Au regard de ces éléments, nous avons décidé de ne pas tenir compte de la baisse de l’indice des prix dans la détermination de la revalorisation du Smic", a expliqué la ministre du Travail aux partenaires sociaux, réunis au sein de la Commission nationale de la négociation collective.

Mais une telle décision aurait pris des allures de provocation. Ce mini coup de pouce de 0,1% ne peut satisfaire l’aile gauche du parti socialiste, qui ne décolère pas. Certains attendaient un geste fort au lendemain des élections régionales, alors que la montée du vote FN exprime aussi un certain désarroi social.


Mais ce choix n'est pas une surprise. Hormis après l’arrivée de la gauche à l’Elysée, le Smic n’a pas bougé depuis dix ans. Difficile de justifier un vrai coup de pouce quand toute la stratégie économique du gouvernement repose sur la baisse du coût du travail, via notamment le pacte de compétitivité. Plutôt que de céder aux sirènes électoralistes, l'exécutif a préféré se montrer réaliste. Pas question d’obérer les chances de reprise des créations d’emploi alors que le taux de chômage reste toujours aussi élevé.

Et tant pis si cela froisse, aussi, les syndicats. À contre courant de la CGT, de la CFE-CGC, de la CFTC et de FO, seule la CFDT prônait de s’en tenir à la hausse automatique, estimant que le pouvoir d’achat dépend aussi des négociations d’entreprise. La CGT, quant à elle, plaide toujours pour un Smic à 1700 euros. Un vœu décidément pieu…

 

Auteur

  • Emmanuelle Souffi