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Les syndicats d'Héraklès perdent la bataille des 2,3%

Liaisons Sociales Magazine | Salaires | publié le : 16.04.2015 | Anne Fairise

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Malgré d'ultimes débrayages ce mercredi 15 avril, la filiale de Safran n'a pas amélioré sa proposition salariale. Au lieu des 2,3% proposés, les salariés devront se contenter d'un "petit" 1,65%. Faute d'accord signé.

Les syndicats d’Héraklès, qui réclamaient la réouverture des négociations salariales closes fin mars, n’ont pas fait fléchir le fabriquant girondin de combustibles propulseurs pour missiles et fusées. Les ultimes appels aux débrayages lancés mercredi 15 avril par la CGT, la CFDT et SUD n’y ont rien changé. Le jour n'avait pourant pas été choisi au hasard : la mobilisation se tenait avant ou pendant le comité central d’entreprise, au cours duquel était présenté l’avis de désaccord sur les NAO 2015.

Faute de voir son ultime proposition salariale, portant sur une hausse de 2,3%, signée par un nombre suffisant d’organisations représentatives, la filiale du groupe aéronautique Safran a mis sa menace à exécution. Elle va appliquer un décompte de 0,35% sur… sa proposition initiale de 2% de hausse ! Résultat, les 2300 salariés devront se contenter d’un « petit » 1,65%. Un choc. L’an passé, ils avaient obtenu 2,75%…

Rupture de politique

Des propositions « indignes des résultats et des perspectives de la société », s'insurge la CFDT. Qui pointe les bons résultats financiers d’Heraklès (36,7 millions de résultat net en 2014) et l’excellente santé de sa maison-mère, qui a enregistré un résultat net de 1,248 milliard d’euros l'an dernier. Lors du cadrage financier initial, le groupe Safran avait prévu des hausses comprises entre 1 et 1,5% selon les filiales. Avant d'améliorer sa copie après plusieurs grèves.

« Nous n’aurons aucun mal à justifier devant les salariés notre choix de ne pas signer la proposition à 2,3%. Car elle entérinait la fin des augmentations minimales garanties, assure Jean-Marc Lavoix, le DSC CFDT. Le syndicat n'a cessé de demander un talon de 35 euros pour les non-cadres, « comme en 2014 ».

Un « montage bancal »

Une exigence que la direction était prête à prendre en compte. Lors de la dernière séance de négociation, le 27 mars, elle a proposé de réaffecter une partie du budget supplémentaire de 0,3% mis ce jour-là sur la table, initialement dédié aux augmentations individuelles et aux évolutions de carrière.

Ce tour de passe-passe permettait de répondre à la revendication… sans augmenter le budget initial alloué aux augmentations générales des non-cadres, établi à 0,4%. Pas de quoi néanmoins remporter l’adhésion de la CFDT. « Ce montage dénature l’esprit de l’accord complémentaire dédié aux évolutions de carrière », reprend Jean-Marc Lavoix, le DSC CFDT.

Intransigeance syndicale

Une décision qui n'est pas du goût de la CFE-CGC. « L’intransigeance des autres syndicats conduit les salariés à perdre du pouvoir d’achat. Même si le montage était bancal, la lucidité appelait à signer », plaide Mathieu Richard, DSC adjoint du syndicat. Seule son organisation s'était prononcée en faveur du compromis. Insuffisant : n’ayant récolté que 26,4% des voix aux dernières élections professionnelles, le syndicat des cadres ne peut valider seul l'accord, la loi exigeant un minimum de 30%.

La direction aurait, certes, pu prendre une mesure unilatérale pour appliquer sa dernière proposition. Mais elle a choisi de mettre ses partenaires sociaux devant leurs responsabilités. Résultat, les non-cadres devront se contenter d’une augmentation générale de 0,4%. L’équivalent, pour un salarié gagnant 2000 euros mensuels, de 8 euros par mois. « Il aurait pu en avoir 35. Cela signifie une perte de 11000 euros sur trente ans de carrière », calcule la CFE-CGC.  


Auteur

  • Anne Fairise